Le 28 février 2022 à 14h33
par Damien Malvetti
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Adaptez votre car-policy à la transition énergétique

L’année 2021 est désormais derrière nous. Quelle année ! Une fois de plus, nous avons dû repousser nos limites. Sur le plan humain d’abord, avec une déception pour nos libertés qui ont été rognées, un nouveau variant qui a pointé à l’horizon et ce sentiment toujours plus grand de discorde plutôt que d’unité. Dans le domaine de l’automobile, 2021 a surtout été l’année des pénuries. Les chaînes logistiques brisées, les pénuries de « puces » ont provoqué une baisse des ventes/livraisons de voitures neuves et ont stimulé les ventes de voitures d’occasion et pousser leur prix à la hausse. Pour le secteur fleet, 2021 s’est annoncée comme l’année du changement. La nouvelle fiscalité automobile qui semble faire une croix définitive sur les véhicules à moteur à combustion, a poussé de nombreuses entreprises à accélérer l’électrification de leur car-policy et la mise en place d’une mobility-policy. Pourquoi ne pas se concentrer sur la mobilité pendant cette période de changements radicaux ? 

 

2022 sera marquée par ces changements 

Le passage définitif à la norme WLTP rendra la taxation des voitures en moyenne 6 à 10 % plus chère pour l’entreprise. En revanche, l’avantage de toute nature lié à l’utilisation privée de la voiture de fonction augmentera sensiblement. Les employés peuvent économiser 30 à 40 % de leurs frais généraux en optant pour une voiture électrique. Ce sera le moteur du changement en 2022. RH, vous voilà prévenus ! 

Malgré les nombreuses formules de télétravail, on constate toujours autant d’embouteillages, synonymes de pertes de temps, avec Bruxelles qui se positionne dans le top 3 des villes affichant la plus forte congestion.  Conséquence : des travailleurs mécontents et davantage d’accidents. Les solutions flexibles de mobilité seront considérés comme une valeur ajoutée par les employés travaillant dans des zones urbaines très fréquentées. 

Les accidents sont plus nombreux, principalement en raison de notre capacité d’attention réduite par les distractions (lire : smartphone). 

Malheureusement, 2022 promet également d’être une année marquée par la hausse des coûts. Le coût des voitures en raison de l’offre limitée, le coût des réparations, le coût des assurances et des intérêts sont tous en hausse et exercent une pression sur les politiques fleet. En effet, à voiture similaire, le budget sera forcément différent. 

Le gestionnaire de flotte doit évoluer en conséquence. De nouveaux domaines, avec au premier plan les solutions de recharge et les solutions de mobilité, nécessitent de questionner et d’étudier ces marchés. La question se pose également de savoir si le fournisseur actuel est toujours le bon partenaire, compte tenu du changement de stratégie fleet avec les voitures électriques. Et la mise en concurrence permanente avec de multiples partenaires reste-t-elle la bonne stratégie d’achat ; prix versus processus uniformisés et simplifiés. 

En bref, 2022 sera une année à la fois chargée et passionnante pour les gestionnaires de flotte. 

 

Comment se présentera une car-policy en 2022 ? 

Pour les entreprises situées dans des lieux très fréquentés et ayant accès à d’autres modes de mobilité, 2022 pourrait être l’année où les entreprises travailleront enfin sur un budget de mobilité ou une offre multimodale en plus de la car-policy ; au minimum, une politique de télétravail, une proposition vélos, une offre de remboursement pour les transports publics. De même, pour les entreprises situées dans des endroits moins fréquentés, on se dirigera de plus en plus vers une stratégie de télétravail, moins de kilomètres, et une politique vélos comme offre complémentaire à la voiture de fonction. 

Retour à la voiture et à la car-policy…  

Electrification 

En 2022, une car-policy doit soutenir les voitures électriques, soit les voitures à batteries (BEV) et les hybrides rechargeables (PHEV). 

 

BEV et PHEV? 

Première question à se poser pour une nouvelle car-policy : inclut-on encore les PHEV ou fait-on l’impasse sur cette ‘technologie de transition’ ? 

Cette question fait ressortir une idée fausse : seuls des profils de mobilité très spécifiques conviennent pour une conduite rentable avec un PHEV. Après tout, la majorité des trajets doivent être effectués en mode électrique si l’on veut respecter les faibles émissions de CO2 et la consommation. La voiture doit être rechargée fréquemment et les trajets sont donc inférieurs à 50 km. Un tel profil peut, en principe, également conduire confortablement un BEV. 

Les PHEV seront fiscalement ‘punis’ à partir du 1er juillet 2023. A partir de cette date, la déductibilité fiscale des véhicules non neutres en carbone va diminuer sensiblement chaque année. 

 

Budget TCO ? 

L’électrification signifie que de nouveaux budgets de car-policy doivent être calculés pour les véhicules électriques et éventuellement hybrides rechargeables. Une approche coût total de possession (TCO) s’impose. Le TCO peut être utilisé comme un nouveau budget ou comme une méthodologie pour calculer de nouveaux budgets. 

Un budget TCO est transparent et garantit que toutes les augmentations de coûts, notamment celles qui ne sont pas incluses dans le prix du leasing – principalement le carburant et les taxes – sont toujours supportées par les employés. D’autre part, le TCO est difficile à expliquer et vous trouverez toujours quelqu’un avec une définition différente du TCO. Cette dernière cause aussi des difficultés dans le configurateur de voiture que les sociétés de leasing mettent à disposition pour composer une voiture dans un certain budget. 

Une approche TCO permettant de calculer les nouveaux budget de car-policy sur base des budgets de car-policy existants a fait ses preuves. Elle conduit à de nouveaux budgets qui diffèrent selon la motorisation, est basée sur les budgets actuels de la car policy, donc reconnaissable par le salarié, et offre une grande flexibilité dans l’utilisation du configurateur de voiture et le processus de commande. 

Un TCO est généralement composée de 3 piliers: le tarif leasing incluant les frais d’assurance, d’énergie et les taxes. Pour chacun de ces éléments constitutifs, il faut s’entendre sur des hypothèses afin d’effectuer une comparaison correcte. Quelle base pour le calcul du coût de l’énergie ? Consommation idéale versus consommation réelle ? Quel kilométrage annuel ? Qu’en est-il de la consommation d’un PHEV ? 70 % d’électricité par rapport au carburant seul ? Quel prix du kWh pour les véhicules électriques ? Comment calculer l’impact des dépenses rejetées ? 

En principe, il n’y a pas de bonne réponse tant que ces hypothèses sont utilisées de manière cohérente et constante dans l’équation. 

Les nouveaux budgets donnent accès aux voitures. Un test qui devrait absolument être effectué est la comparaison « like for like » ; les voitures électriques équivalentes rentrent-elles toujours dans le cadre du nouveau budget pour les voitures électriques ? 

Si ce n’est pas le cas, et en fonction des éléments que nous voyons dans les budgets les plus faibles des car-policies, d’autres paramètres de leasing tels que la durée et le kilométrage peuvent éventuellement être pris en compte.  

En termes de durée, nous constatons que les sociétés de leasing évaluent positivement une durée de 60 mois pour les BEV. Et les kilomètres contractuels peuvent être adaptés à la nouvelle réalité de l’augmentation du télétravail. 

 

Règles concernant l’usage des BEV/PHEV 

Une car-policy est un règlement qui fixe des accords entre l’employeur et le travailleur. Elle doit être adaptée pour les PHEV et BEV : 

  • Une politique de marques pour les BEV et PHEV ? En raison de l’offre plutôt limitée de BEV, le libre choix des marques semble être, à titre transitoire, la meilleure recommandation. Pour les PHEV, une politique de marque(s) plus stricte peut être maintenue. 
  • Durée de contrat/kilométrage spécifique pour les BEV ? Voir notre commentaire ci-dessous. 
  • Qui peut rouler en BEV? Quels éléments (profils de mobilité, recharge à domicile,…) doivent être pris en compte ? Qui peut rouler en PHEV ? Quels sont les critères incontournables ? 
  • Quelles sont les règles spécifiques pour les BEV et PHEV ? Exemple, livraison et câble de recharge, perte de câble de recharge, usage correct du PHEV,…   
  • Va-t-on encore travailler avec une shortlist limitée, y compris pour les BEV et PHEV, ou laisse-t-on le choix libre pour les BEV ? 
  •  

Tous ces éléments doivent être discutés et décidés et nécessitent un update de la car-policy sur mesure pour l’entreprise. 

 

Règles en matière de recharge à domicile 

En ce qui concerne la recharge du véhicule, certains points doivent être repris dans la car-policy : 

  • Quelle infrastructure de recharge à domicile? 
  • Quels coûts sont payés par l’entreprise et par l’employé ? Comment sont-ils calculés ? 
  • Ou doit-on recharger de préférence ? Au domicile ou au travail ? Y-a-t-il des limites en ce qui concerne la recharge publique ou sur bornes rapides ? 
  • Quelles sont les règles en matière de recharge d’un PHEV ? Quel monitoring est mis en place à ce niveau ? 
  • Peut-on recharger à l’étranger? Ce paramètre peut être intégré de façon provisoire dans le but de stimuler l’usage du véhicule électrique pour les trajets de vacances… ou parce qu’il n’est pas techniquement possible d’en limiter l’usage à la Belgique. 
  • Quid en cas de départ de l’entreprise? Quels sont les règles concernant l’infrastructure de recharge à domicile ? 

Ces nouvelles règles contribuent également à la mise en place d’une car-policy spécifique adaptée à l’employeur. 

 

Processus de commande 

Les éléments primordiaux pour pouvoir rouler en BEV ou PHEV doivent idéalement être repris dans la car-policy.  

Le respect de ces critères et leur évaluation doivent, bien entendu, faire l’objet d’un processus objectif. Le gestionnaire de flotte peut discuter avec l’employé du mode de propulsion à adopter. Il est également possible de mettre en place un processus automatique et objectif basé sur un schéma décisionnel en fonction des critères de la car-policy. Des outils sont disponibles pour y parvenir. 

S’il apparaît que le meilleur choix penche en faveur de la conduite électrique, il restera à vérifier si cette personne peut recharger à domicile et quelle station de recharge est possible. 

Une fois toutes les questions solutionnées, on peut lancer le processus de commande tel que décrit dans la car-policy ou dans l’annexe de celle-ci. 

 

Driver management 

Les statistiques d’accidents vont à nouveau dans le mauvais sens. En outre, le coût des réparations augmente systématiquement en raison de la technologie et du coût plus élevé des pièces. Cela exerce aussi une pression à la hausse sur les coûts d’assurance. 

Il est donc important de reconsidérer les formules d’assurance. Pouvons-nous mettre en place une meilleure structure d’assurance pour notre flotte ? Faut-il à nouveau envisager des actions de prévention ? 

La prévention commence une car-policy claire. Qu’attend-on du conducteur ? Que signifie « être un bon père de famille » ? Que se passe-t-il si le conducteur ne satisfait pas à ce critère ? Et quid en cas d’accident ? Le conducteur doit-il participer aux frais ? Comment pouvez-vous récompenser les conducteurs qui ne sont pas impliqués dans des accidents en tort ? 

La mise en place d’une politique de prévention, indépendamment des avantages humains non mesurables, est toujours un choix judicieux. 

 

Partenaire leasing 

Compte tenu des changements apportés à la stratégie fleet, on peut se demander si les fournisseurs actuels sont encore les plus adéquats. Un moment de changement nécessite naturellement un partenaire/fournisseur qui peut faciliter et/ou gérer ces changements. 

Au vu des évolutions du marché, on constate différentes approches et stratégies entre les différents fournisseurs. 

On constate également un intérêt croissant des entreprises pour l’unification et la simplification des processus sous-jacents à la flotte, avec un accent sur l’outsourcing. Un business model qui a la cote n’est autre que le single supply ou la collaboration avec un seul partenaire de leasing. La possibilité de contrôler la compétitivité des prix apporte une plus grande transparence des prix sur le marché et soutient ces modèles. D’autre part, on peut choisir de confier ce rôle à une société de fleet management qui endossera le rôle de coordinateur entre les différents fournisseurs. 

On constate clairement une tendance à externaliser en raison d’une complexité toujours plus importante. 

 

2022: un défi! 

En bref, 2022 sera marquée par une confirmation des tendances que nous avons observées en 2021, mais vraisemblablement à un rythme accéléré. 2022 sera l’année ultime de l’électrification de la car-policy. 

Damien Malvetti

Damien Malvetti, rédacteur de cet article

Damien Malvetti a une formation de journaliste et est passionné par les voitures, la technologie et la mobilité. Il est responsable du contenu éditorial de link2fleet et possède une connaissance approfondie du secteur des flottes et de la mobilité électrique.
Cet article parle de : Best practices , Gestion de flotte
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