Le 3 février 2025 à 17h32
par Damien Malvetti

Stijn Blanckaert (Renta): « Le secteur fleet est surpris par certaines annonces du gouvernement Arizona »

Les réactions du secteur suite à l’accord de gouvernement Arizona  ne manquent pas. Stijn Blanckaert – Directeur Général de Renta, la fédérations des loueurs -, se dit « surpris » par certaines annonces, mais rappelle qu’il ne s’agit actuellement aussi que d’annonces qui devront encore être débattues et votées.

« Toutes les évolutions dont on a pu prendre connaissance depuis ce week-end ne sont encore que des annonces », tient à rappeler Stijn Blanckaert. « Tout cela devra encore être discuté en détails et soumis au vote avant d’être éventuellement traduit dans une loi. Les interprétations de cet accord de gouvernement peuvent donc encore changer. Il ne faut rien prendre pour argent comptant ».

Néanmoins, nous lui avons demandé quelques réactions concernant ces annonces. « Je résumerais ma réaction par le mot ‘surprise’. Et il y a 3 éléments sur lesquels j’aimerais réagir. »

D’abord, la prolongation du régime fiscal avantageux des plug-in hybrides. « C’est la réponse à une question que le secteur n’avait pas posée. Il n’y avait aucune demande et certainement aucune pression du secteur à réintroduire les plug-in hybrides dans les flottes. La majorité des entreprises est aujourd’hui bien engagée dans la transition vers des parcs 100% électriques. On était sur la bonne voie et d’un coup, on décide d’aller plus en douceur dans l’électrification des flottes… Si ce choix se confirme, cela n’aidera certainement pas à atteindre les objectifs fixés en matière d’émissions polluantes. Ce ne sera pas simple non plus pour les sociétés de leasing qui ont poussé les entreprises vers le 100% électrique. Je pense cependant que ce sont majoritairement les indépendants et les PME qui continueront à opter pour de l’hybride, et éventuellement certains profils spécifiques dans les grandes entreprises ».

Si les PHEV devaient à nouveau bénéficier d’un traitement fiscal plus avantageux jusqu’en 2029, leurs valeurs résiduelles pourraient par contre augmenter. Mais là aussi, Stijn Blanckaert fait la grimace. « Oui, mais celle des BEV risque, à l’inverse, de diminuer. La politique actuelle devait avoir pour conséquence de pousser aussi plus rapidement les particuliers à faire le switch vers l’électrique. Toujours dans le but de respecter nos engagements en matière d’émissions. Mais en prolongeant la déductibilité des PHEV, on va donner plus longtemps aux particuliers la possibilité de choisir entre un PHEV ou un BEV sur le marché de l’occasion. Et forcément, la plupart opteront pour l’hybride. Que fera-t-on alors avec les BEV de société arrivés en fin de contrat ? J’en viens d’ailleurs à un manquement dans l’accord de gouvernement : rien n’est prévu pour inciter financièrement les particuliers à passer au 100% électrique. C’est bien dommage. »

Budget de mobilité obligatoire : oui, mais…

Autre mesure phare édictée dans l’accord de gouvernement Arizona : l’extension du budget de mobilité pour tous et surtout l’obligation pour toute entreprise de le proposer à son personnel. Une façon pour le futur gouvernement de donner un coup de boost aux solutions de mobilité durables. Si Stijn Blanckaert salue l’extension à tous les travailleurs, il s’inquiète tout de même de la charge administrative que l’obligation pourrait impliquer auprès de certaines structures. « Obliger les entreprises à proposer le budget de mobilité n’est pas idéal. Imaginez une PME avec 10 véhicules qui ne doit aujourd’hui gérer que des voitures et qui demain devra, en plus, gérer des packages de mobilité alternative spécifiques pour chaque collaborateur. La charge administrative qu’on va ajouter à ces entreprises est énorme. Elles pourront évidemment se faire aider, mais c’est alors la charge financière qui va augmenter… »

Leasing social : le lapin sorti du chapeau

Dans cet accord de gouvernement figure aussi une ligne sur le leasing social, une formule lancée il y a quelques temps chez nos voisins français et dont le succès a été aussi fulgurant que son arrêt brutal. Pour rappel : en France, le leasing social permet aux ménages les plus modestes de s’offrir une voiture électrique pour environ 100 € par mois, en location longue durée ou location avec option d’achat. Son succès a été tel que la mesure a été stoppée après quelques semaines.

Dans l’accord de gouvernement, le leasing social s’adresserait « aux travailleurs aux revenus modestes », mais aucun détail supplémentaire n’est mentionné. « Cette proposition n’est pas claire du tout », intervient Stijn Blanckaert. « Et on se demande d’où elle sort car personne en l’a jamais réclamée. En France, cette mesure a coûté des millions d’euros. En Belgique, nous n’avons pas les mêmes moyens. Avant de lancer une telle mesure, j’invite le nouveau ministre des Finances, Jan Jambon, à se mettre à table avec nous et avec toutes les sociétés de leasing pour discuter de la faisabilité de cette mesure et surtout de l’intérêt ou non de la proposer. J’insiste vraiment sur le fait que Renta doit être le partenaire privilégié de discussion du nouveau gouvernement sur ces points ».

Damien Malvetti

Damien Malvetti, rédacteur de cet article

Damien Malvetti a une formation de journaliste et est passionné par les voitures, la technologie et la mobilité. Il est responsable du contenu éditorial de link2fleet et possède une connaissance approfondie du secteur des flottes et de la mobilité électrique.
Cet article parle de : Actus

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