Les principales constatations
Swapfiets fait 6 constatations majeures concernant le parking-vélo à Bruxelles et, à partir de ce constat, formule 3 propositions concrètes pour améliorer la situation.
Constatation n°1 : Si les Bruxellois n’utilisent pas davantage leur vélo, c’est surtout en raison du manque de sécurisation
Lorsqu’on leur demande pourquoi ils ne se déplacent pas davantage à vélo, 40% des Bruxellois citent ‘l’insécurité’ comme raison principale. Les ‘conditions climatiques peu favorables dans notre pays’ arrivent en seconde position, avec 32% des réponses.
Constatation n°2 : La rareté du parking-vélo suscite beaucoup de mécontentement
Clairement, les cyclistes bruxellois déplorent cruellement la rareté du parking-vélo dans leur ville. Une forte majorité (70%) des répondants répondent par l’affirmative à la question ‘Avez-vous déjà renoncé à vous déplacer à vélo en raison de l’absence de parking à destination ?’
Quelque 82% des répondants ne sont pas à l’aise lorsqu’ils doivent stationner leur bicyclette à un endroit qu’ils considèrent comme peu sûr. Enfin, 75% des personnes interrogées affirment être frustrées par l’absence de parking-vélo.
Observation marquante, la majorité des répondants (81%) considèrent qu’il appartient aux pouvoirs publics d’aménager davantage de parkings-vélos.
Constatation n°3 : Trop peu de parking-vélo à proximité des magasins et établissements horeca
L’étude de Swapfiets s’est également intéressée aux endroits où les cyclistes considèrent que le parking-vélo est insuffisant.
Le lieu de travail arrive en tête de l’indice-satisfaction en termes de possibilités de parking. Seulement 22% des répondants estiment qu’il y est insuffisant.
Les écoles et transports en commun obtiennent aussi un score honorable (à peine 26,8% et 27,3% estiment que le parking-vélo n’est pas suffisant à proximité de ces endroits). En revanche, les chiffres virent au rouge lorsqu’on évoque les possibilités de parking à proximité de son habitation. Là, ce sont 35,1% des personnes interrogées qui considèrent qu’il en faudrait davantage. À noter, on n’observe pas de différence à ce sujet entre les personnes qui vivent en maison ou en appartement.
Enfin, le point le plus problématique est la disponibilité de parkings-vélos à proximité des magasins (37,8%) et des établissements horeca (46,4%).
Constatation n°4 : La sécurité, le prix, la location et la disponibilité sont les principales exigences
Quels sont les aspects du parking-vélo que les Bruxellois considèrent comme importants ? La sécurité arrive largement en tête, avec 57,5% de réponses dans le top 3. Sont cités comme importants, la surveillance vidéo, la possibilité de verrouiller le lieu de stationnement, ainsi que la présence de personnel. Ce résultat confirme une autre observation : lorsqu’il s’agit de choisir un parking-vélo, 68% des répondants optent pour la sécurité plutôt que pour la proximité par rapport à leur destination.
Le paramètre n°2 est le coût du parking-vélo : 45% des personnes interrogées font valoir que ‘un prix raisonnable’ est une qualité importante pour le parking-vélo. L’étude révèle par ailleurs que 55,8% des Bruxellois sont prêts à payer pour stationner leur vélo dans un espace sécurisé, et que 51,5% d’entre eux sont disposés à souscrire un abonnement mensuel.
Le ‘stationnement à proximité du domicile’ figure plus loin dans ce classement, avec 44,1%. Par le passé, les Bruxellois ont déjà fait savoir que la sécurité est plus importante que la proximité, ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils ne souhaitent pas disposer d’un parking-vélo à proximité directe de leur domicile.
La ‘disponibilité’ ferme la marche avec 42,6%. Quant aux paramètres ‘parking couvert’, ‘propreté’ et ‘services complémentaires’, ils sont considérés comme moins importants.
Constatation n°5 : Un déficit d’information et un problème de perception
Il est frappant de constater que, lorsque les Bruxellois ne prennent pas leur vélo, c’est parce qu’ils pensent qu’ils ne pourront pas le stationner. Or, il est parfaitement possible que cette perception subjective des utilisateurs constitue un frein plus important à l’usage du vélo que la pénurie réelle de possibilités de parking. On remarquera que c’est surtout dans les sphères gérées par les pouvoirs publics (écoles, transports en commun…) que le manque de parking-vélo semble être le plus grand.
Quelque 33% des cyclistes bruxellois affirment ne pas bien connaître le concept des box-vélos. Par ailleurs, 42% des personnes interrogées répondent ne pas être d’accord avec l’affirmation selon laquelle elles ont connaissance d’emplacements de parking-vélo à proximité des transports en commun. Ces deux points sont manifestement des lacunes à combler pour les pouvoirs publics bruxellois (Good Move, agence parking…).
Constatation n°6 : Une relation difficile avec le parking-auto
Le remplacement d’emplacements de parking-auto par du parking-vélo est un point délicat dans cette problématique. Sur cette question, les avis sont très partagés : 24,8% seulement des cyclistes considèrent qu’il ne faut pas aménager de nouveaux parkings-vélos en sacrifiant du parking-auto, tandis que 55,6% d’entre eux y sont favorables.
Invités à faire un choix entre ‘moins de place pour la voiture’ et ‘la voiture doit rester un maillon de la mobilité urbaine, même si c’est au détriment des modes alternatifs’, les répondants sont également très divisés : 42,2% contre 45,6%.
Des recommandations ?
Thomas Schiltz considère que cette étude révèle plusieurs tendances et opportunités. Dans un contexte budgétaire difficile, il plaide pour l’encouragement des initiatives privées.
« Tout le monde tient à ce que les villes soient plus vivables. Nous sommes certains que c’est également le souhait des pouvoirs publics bruxellois, mais ils devront faire des choix, certainement en termes d’investissements dans les infrastructures cyclistes. Je pense que ces nouvelles politiques sont possibles en stimulant les initiatives privées, comme l’aménagement de parkings-vélos à proximité des établissements horeca, plutôt que de faire supporter le gros des investissements par les instances publiques », affirme Thomas Schiltz.
Encourager les initiatives privées : il manque surtout de parkings-vélos sécurisés à proximité des magasins et établissements horeca
Observation marquante, le cycliste bruxellois ne déplore pas le manque d’emplacements de parking-vélo à proximité des écoles ni des transports en commun, mais bien des établissements privés tels que magasins, cafés et restaurants. Voilà qui atteste des efforts notables qui ont déjà été consentis par les pouvoirs publics bruxellois, mais aussi de la nécessité, désormais, de voir les acteurs privés prendre le relais. Or, il existe des leviers pour les encourager à implanter de telles infrastructures.
On remarquera que les projets de Cyclo.Brussels et parking.brussels ne font presque aucune référence à l’encouragement de l’investissement privé.
Mieux faire connaître les possibilités de parking-vélo
Effectivement, il existe un problème de perception. Comme le révèle l’étude, le fait de ne pas savoir s’il sera possible de parquer son vélo en sécurité est un frein important à l’usage de ce moyen de transport à Bruxelles. Plus de 40% des répondants ne connaissent pas les parkings-vélos à proximité des transports en commun, tandis que le tiers des cyclistes ne connaît pas les Cyclo-box. Un surcroît de visibilité et des incitants à l’aménagement de parkings-vélos contribueraient à coup sûr à accroître la confiance, et donc l’utilisation du vélo.
Élaborer un business model pour le parking payant
Pour la première fois, nous avons demandé aux cyclistes bruxellois s’ils sont disposés à payer pour disposer d’emplacements de parking-vélo. Les jeunes cyclistes, surtout, semblent accepter ce principe. Près des trois quarts des répondants indiquent aussi qu’ils sont prêts à stationner leur vélo ‘un peu plus loin’ s’ils ont la certitude qu’il sera en sécurité. Voilà deux observations intéressantes, qui nous amènent à penser qu’il serait sûrement utile de concevoir un business model sur cette question.