Le 28 octobre 2024 à 06h15
par Jeroen Evens

Case-study: la stratégie derrière la transformation de la flotte de Colruyt Group

La gestion de flotte ne se résume plus uniquement à la gestion des véhicules. Il s’agit de stratégies intelligentes qui aident les entreprises à fonctionner de manière plus durable, plus efficace et plus souple. Le groupe Colruyt, sous la houlette de son Mobility Coördinator, Antoon Vander Putten, a fait de grands progrès en la matière. Dans cette interview, nous approfondissons leur stratégie de flotte et examinons des thèmes tels que l’électrification, les solutions de mobilité alternative pour les employés et le défi que représente le passage du GNC à d’autres carburants.

link2fleet: L’électrification est un sujet brûlant dans le monde du fleet. Où en est le groupe Colruyt dans l’électrification de sa flotte et quels sont les plus grands défis à relever ?

Antoon Vander Putten: « Nous proposons des voitures électriques depuis 2017 et nous nous sommes progressivement développés dans ce domaine. Aujourd’hui, la quasi-totalité de notre gamme est électrique. Cela a été un peu lent au début, parce que la technologie n’était pas très avancée, mais la mentalité a changé et la fiscalité joue désormais un rôle important. Aujourd’hui, environ 90 % de notre offre est entièrement électrique et environ 65 à 70 % des employés choisissent une voiture électrique. Compte tenu de la taille de notre flotte (4 000 voitures) et du nombre d’employés (30 000), nous laissons encore une certaine place aux technologies alternatives. Environ 25 % de notre flotte est entièrement électrique, 50 % est hybride et le reste (25 %) fonctionne au diesel ou au GNC. Cela s’explique en partie par le fait que nos voitures restent en parc pendant 6 ans ou jusqu’à 200.000 km, ce qui ralentit quelque peu la transition. »

l2f: Pouvez-vous nous en dire davantage à propos du budget de mobilité chez Colruyt Group? Comment cela a-t-il été mis en œuvre et quelles options de mobilité alternative offrez-vous à vos employés ?

A.V.P.: « En raison des ambiguïtés de la législation, nous avons adopté une approche attentiste au cours des premières années qui ont suivi l’introduction du budget fédéral de mobilité. En 2023, nous avons mis en place un projet pilote pour un groupe d’employés qui avaient déjà renoncé à leur voiture de société, et à partir de novembre, un budget mobilité sera proposé à nos employés qui ont droit à une voiture de société. Nous nous concentrons principalement sur les piliers 2 et 3 du budget mobilité. Toutefois, la mise en œuvre de cette mesure prendra un certain temps.”

© Antoon Vander Putten, Mobility Coördinator bij Colruyt Group

l2f: Il semble que vous fassiez beaucoup de progrès en matière d’électrification, malgré certains obstacles. Qu’en est-il des autres options de mobilité durable telles que la mobilité partagée ?

A.V.P.: « Nous encourageons autant que possible nos employés à se rendre au travail de manière durable. Nous disposons de notre propre flotte de voitures et de vélos partagés que les employés peuvent réserver. Il y a parfois une demande pour des abonnements Cambio, par exemple, mais nous avons choisi d’offrir le budget mobilité en raison du large éventail d’options de mobilité disponibles. Cela permet aux employés de faire leurs propres choix en matière de mobilité. Nos employés peuvent également utiliser Blue-bike pour leurs déplacements.”

 

l2f: Le groupe Colruyt dispose naturellement d’un large éventail d’employés, tant dans les zones urbaines que sur des distances plus longues. Comment gérez-vous les différents besoins de mobilité de ces groupes ?

A.V.P.: “Les employés de nos magasins habitent souvent dans la région et profitent de notre programme de vélos : ils bénéficient d’un vélo gratuit et d’une allocation vélo. Nous avons également mis en place un programme de covoiturage depuis longtemps, en particulier sur les sites où les employés travaillent en équipe. Grâce à une plateforme (carpool.be en collaboration avec Mpact, ndlr.), les employés peuvent trouver des collègues avec qui faire du covoiturage, ce qui est également avantageux d’un point de vue fiscal. »

l2f: L’infrastructure de recharge est cruciale pour la transition vers les véhicules électriques. Comment le groupe Colruyt a-t-il adapté ses parkings pour offrir une capacité de charge suffisante, et avec quels partenaires travaillez-vous à cet effet ?

A.V.P.: « Il y a quelques années, lorsque nous avons commencé à proposer des voitures hybrides rechargeables, nous avons décidé de planifier et de faire des prévisions. Le résultat ? Il y a trois ans, nous avons installé la plus grande station de recharge de Belgique, avec plus de 100 points de recharge. Cela s’est rapidement avéré insuffisant et nous avons depuis doublé la taille de notre infrastructure. Presque tous nos magasins disposent désormais d’une infrastructure de recharge, mais le défi reste de servir à la fois les employés et les clients. Nous avons également installé des bornes de recharge à domicile pour la quasi-totalité des employés possédant une voiture électrique. Et ils sont près d’un millier !”

 

l2f: Le groupe Colruyt a une histoire avec les véhicules GNC, y compris un réseau de stations-service GNC. Maintenant que les prix du GNC sont devenus moins attractifs en raison de la situation géopolitique, comment le groupe Colruyt a-t-il réagi ? Des mesures ont-elles déjà été prises pour remplacer ces véhicules ?

A.V.P.: En raison de la crise, nous avons cessé de proposer des véhicules au GNC. Cette augmentation de prix a été difficile, mais nous étions convaincus qu’elle se stabiliserait. Et c’est le cas aujourd’hui. Aujourd’hui, le gaz naturel coûte environ 1,7 euro par kilo, et vous consommez environ cinq kilos par 100 km. Le coût total est donc comparable à celui du diesel et de l’essence. Nous continuerons donc à utiliser les véhicules actuellement en circulation, mais nous ne proposerons plus de nouveaux véhicules au GNC. »

 

l2f: En guise de conclusion, Antoon, comment le groupe Colruyt voit-il l’évolution de la gestion de flotte dans les années à venir ? Et quelles sont, selon vous, les clés du succès pour les entreprises qui souhaitent développer une stratégie de mobilité réussie pour leurs employés ?

A.V.P.: « L’incertitude fait partie intégrante de notre travail de gestionnaire de flotte, car la législation peut changer rapidement. Les plus grands défis demeurent : comment rembourser correctement la consommation d’électricité des employés ? Quant au budget mobilité, nous continuerons à le sonder et à surveiller sa popularité. Nous ne voulons pas non plus perdre de vue les employés qui ne bénéficient pas d’une voiture de société. Mais il n’existe pas encore de cadre juridique clair à cet égard. La clé du succès ? Oser expérimenter ! Essayez des projets pilotes, écoutez vos employés et consultez des spécialistes. Et surtout: assurez-vous d’avoir une stratégie claire, en particulier en termes de durabilité.

 

l2f: Merci pour votre temps, Antoon. Nous vous souhaitons beaucoup de succès à l’avenir!

A.V.P.: « Avec grand plaisir!”

Jeroen Evens

Jeroen Evens, rédacteur de cet article

Jeroen Evens a suivi une formation en communication (KULeuven) et suit avec enthousiasme tout ce qui touche à la mobilité et aux véhicules de société. En tant que journaliste indépendant spécialisé dans le secteur fleet, il suit depuis trois ans les dernières évolutions de notre secteur.

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