Le 28 août 2024 à 14h00
par Jeroen Evens

La Chine poursuit l’UE devant l’OMC concernant les surtaxes sur les véhicules électriques

Les tensions récentes entre la Chine et l’Union européenne (UE) ont atteint un nouveau sommet avec la plainte déposée par la Chine auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). La Chine proteste contre les droits de douane européens sur les véhicules électriques fabriqués en Chine, qu’elle juge injustifiés et discriminatoires. Cette démarche marque le début d’une bataille juridique et économique complexe qui pourrait avoir de profondes répercussions sur le secteur automobile dans les deux régions.

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La plainte de la Chine auprès de l’OMC fait suite à l’introduction par l’UE de droits de douane supplémentaires provisoires, entrés en vigueur en juillet 2024. Ces droits allant au départ de 9 % (pour Tesla) à 36,3 % (pour le groupe SAIC auquel appartient MG). Ces droits d’importation supplémentaires sont destinés à contrer ce que l’UE considère comme une « concurrence déloyale » de la part des constructeurs automobiles chinois qui bénéficient de subventions publiques. L’UE affirme que ces subventions rendent les véhicules électriques chinois injustement bon marché sur le sol européen, ce qui nuit aux constructeurs automobiles du Vieux Continent.

La Chine, quant à elle, affirme que les mesures européennes ne reposent sur aucune base factuelle ou juridique et qu’elles constituent une grave violation des règles du commerce international. Le gouvernement chinois a appelé l’UE à retirer ses droits de douane et à coopérer pour garantir la stabilité des relations économiques et commerciales entre les deux régions. En réponse aux droits de douane, Pékin a déjà menacé de prendre des mesures de rétorsion à l’encontre des secteurs européens de l’agriculture et de l’aéronautique.

Réactions internationales : le Canada et d’autres pays occidentaux suivent

Les tensions commerciales entre la Chine et l’Occident ne se limitent pas à l’Europe. Le Canada a lui aussi récemment décidé d’augmenter considérablement les droits d’importation sur les VE chinois, jusqu’à 100 %. Cette décision fait suite à des mesures similaires prises précédemment par les États-Unis, où les véhicules électriques chinois sont désormais soumis à des droits de douane extrêmement élevés.

Cette décision du Canada renforce la tendance générale au renforcement du protectionnisme dans le commerce mondial des véhicules électriques. Les effets de ces mesures sont déjà visibles sur les marchés, notamment sous la forme d’une réduction des exportations de VE chinois vers les marchés occidentaux et d’éventuelles mesures de rétorsion de la part de la Chine à l’encontre de secteurs stratégiques de ces pays.

Impact sur le marché

Les droits de douane imposés par l’UE et d’autres pays occidentaux ont déjà entraîné une baisse significative des exportations chinoises de véhicules électriques vers l’Europe et l’Amérique du Nord. Cette situation affecte à la fois les fabricants chinois et européens, car de nombreuses marques européennes produisent également en Chine. Les modèles de marques réputées telles que BYD et Geely sont désormais soumis à des prix plus élevés, ce qui nuit à leur compétitivité sur les marchés occidentaux.

Les analystes estiment que la perturbation du marché causée par ces droits de douane pourrait être temporaire, mais les conséquences à long terme dépendent fortement de l’issue de l’affaire devant l’OMC. Si la Chine parvient à faire supprimer les droits de douane, les exportations chinoises de véhicules électriques vers l’Europe et d’autres marchés pourraient reprendre. Toutefois, si l’UE obtient gain de cause, cela pourrait créer un précédent de mesures commerciales plus strictes à l’encontre de la Chine de la part d’autres pays.

Perspectives d’avenir

L’issue de cette affaire devant l’OMC aura probablement des répercussions considérables sur le marché mondial des véhicules électriques et sur les relations géopolitiques au sens large. Il est clair que ce différend commercial ne porte pas seulement sur les parts de marché, mais aussi sur le contrôle des technologies futures et de la transition écologique.

La plainte déposée par la Chine contre l’UE auprès de l’OMC marque une nouvelle étape dans l’escalade des tensions commerciales entre ces deux puissances économiques. Le secteur automobile mondial suit de près ce conflit, car son issue pourrait avoir un impact majeur sur les prix et la disponibilité des véhicules électriques en Belgique, en Europe et au-delà.

Les mois à venir seront déterminants pour savoir si les deux parties parviendront à un compromis ou si les tensions s’aggraveront encore, avec des conséquences potentiellement importantes pour le commerce mondial et la transition écologique mondiale.

 

Cette semaine, link2fleet s’est entretenu avec Jan Vanhaver, Country Manager de MG Belgium. L’entretien a mis en évidence que les nouveaux droits d’importation sur les véhicules électriques chinois augmenteront considérablement le coût des VE en Europe. Cette mesure, selon MG, menace de limiter davantage l’accès à la mobilité électrique et de ralentir la transition vers une flotte plus durable. Vous pouvez lire l’interview complète ici.

Jeroen Evens

Jeroen Evens, rédacteur de cet article

Jeroen Evens a suivi une formation en communication (KULeuven) et suit avec enthousiasme tout ce qui touche à la mobilité et aux véhicules de société. En tant que journaliste indépendant spécialisé dans le secteur fleet, il suit depuis trois ans les dernières évolutions de notre secteur.
Cet article parle de : Actus

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