Interview Eric Van Bael, CEO XPOfleet: « Nous mettons le collaborateur au centre de notre plateforme de mobilité Muto »

XPOfleet et Mobilitypower font partie du groupe néerlandais AutoBinck depuis 2021. Comme le belge D’Ieteren, historiquement, ce groupe distribue des voitures. Mais il y a quelques années, AutoBinck a créé une branche de capital-risque qui se concentre sur l’acquisition de start-ups et scale-ups dans le domaine de la mobilité innovante et de l’énergie. XPOfleet est connue pour sa plateforme que les entreprises peuvent utiliser pour gérer elles-mêmes leur flotte, tandis que Mobilitypower est la société sœur vers laquelle les entreprises peuvent se tourner si elles préfèrent externaliser complètement la gestion de leur flotte. Dans le passé, les deux sociétés se concentraient sur les flottes automobiles traditionnelles des entreprises. De son côté, Muto se tourne vers l’avenir en répondant aux changements du secteur. Comment ? En regroupant la gestion de tout ce qui est lié à la mobilité professionnelle dans un seul système en ligne.

link2fleet : Eric Van Bael, cela fait maintenant environ deux ans que vous êtes CEO de XPOfleet et Mobilitypower. Qu’est-ce qui a changé pendant cette période et qu’est-ce qui vous a incité à développer Muto ?

Eric Van Bael : « XPOfleet a démarré il y a un peu plus de 15 ans en tant que logiciel de gestion de flotte pour le marché belge. Ensuite, nous avons commencé à nous développer à l’international avec, par exemple, PostNL comme client majeur aux Pays-Bas, SONY Europe au Royaume-Uni et, plus récemment, un très gros client du secteur public en Allemagne. Ma mission en tant que PDG est de poursuivre et d’accélérer la croissance internationale de XPOfleet et de Mobilitypower. Nous sommes déjà actifs dans près de 25 pays. Lorsque je suis arrivé il y a environ deux ans, nous avons commencé à réfléchir à la manière dont nous pourrions combiner toutes ces connaissances et cette expérience dans un nouveau produit qui répondrait de manière positive aux bouleversements du marché : l’électrification des flottes, le budget de mobilité du gouvernement fédéral, l’augmentation rapide du nombre de vélos de leasing, etc. Avec cette idée, nous avons décidé d’investir dans la construction d’un produit entièrement nouveau, qui a été baptisé Muto. Muto est une expression latine qu’on peut traduire par « je change ». Il s’agit donc autant de nous-mêmes que du marché et de nos clients. Notre slogan « Driving Mobility Intelligence » traduit bien notre ambition d’être la force motrice d’une gestion de mobilité plus intelligente et plus perspicace. »

l2f : Muto viendra-t-il en complément du logiciel XPO existant ou le remplacera-t-il ?

E.V.B. : « Dans un premier temps, les deux continueront à coexister. Mais nous arrêterons progressivement le développement de XPOfleet. À terme, Muto remplacera complètement notre plateforme existante. Les clients existants seront bien sûr soigneusement guidés dans cette transition. »

l2f : Existe-t-il également des versions spécifiques de Muto pour les différents pays ?

E.V.B. : « L’architecture SaaS de base de la plateforme Muto est toujours la même. Mais il y a en effet des différences en fonction du marché en question, par exemple au niveau de la fiscalité. Nous en tenons évidemment compte. »

l2f : Qu’est-ce qui différencie Muto de XPOfleet – ou d’autres plateformes similaires ?

E.V.B. : « Il y a un certain nombre de choses qui rendent Muto unique. Comme je l’ai dit, il y a beaucoup de bouleversements sur le marché. Muto y répond d’une manière que nous ne voyons pas chez d’autres acteurs, ou dans une moindre mesure. La plateforme a dû changer de nom parce que nous offrons bien plus qu’une simple gestion de flotte. XPOfleet contient le mot fleet, et Muto offre bien plus que la gestion de flotte : avec Muto, vous serez réellement en mesure de gérer toutes les options de mobilité moderne qu’une entreprise peut offrir à ses employés. Muto est également indépendant des fournisseurs et donne aux utilisateurs un contrôle total sur leur offre de mobilité ainsi que leur budget. »

l2f : Pouvez-vous donner quelques exemples ?

E.V.B. : « En Belgique, par exemple, la location de vélos est en nette augmentation. C’est un véritable boom. Et bien sûr, il y a aussi le budget de mobilité fédéral. Aux Pays-Bas, l’intégration des transports publics est plus avancée. Dès lors, avec une carte de mobilité de notre société sœur XXIMO, vous pouvez combiner une carte de recharge avec une carte de transport public multimodale. Vous pouvez donner cette carte à vos employés, éventuellement l’assortir de restrictions et ainsi mieux contrôler votre budget global de mobilité. En résumé, Muto gère tous les types de mobilité sur une seule plateforme : de la voiture au vélo et de la carte de mobilité à la station de recharge à la maison. À ce propos, il y a par exemple beaucoup à faire autour des tarifs de la CREG qui ne pourront plus être utilisés comme base de remboursement. C’est un bon exemple de la complexité croissante pour les responsables RH ».

l2f : Muto offrira donc plus de fonctionnalités que XPOfleet. Cela signifie-t-il qu’il sera plus cher à utiliser ?

E.V.B. : « Pas nécessairement. Une différence importante avec XPOfleet est que nous lions l’utilisation de Muto au nombre d’employés, et non au nombre de véhicules. C’est donc l’employé qui est au centre. Une version gratuite vous permet de tester les fonctions de base de Muto jusqu’à 10 collaborateurs. Au-delà, vous payez un prix de lancement temporaire de 2 euros par employé, par mois, et comme déjà mentionné, quel que soit le nombre d’actifs liés à l’employeur. Au fur et à mesure que nous ajouterons des fonctionnalités, les clients pourront choisir la version qui répond à leurs besoins. Les fonctionnalités supplémentaires offriront plus de valeur et auront un prix plus élevé ».

l2f : Vous dites que l’employé est au centre de tout – pouvez-vous en dire davantage ?

E.V.B. : « Dans le développement de Muto, ce ne sont pas les actifs, comme la location d’une voiture ou d’un vélo, qui sont au centre, mais bien les collaborateurs. Différents actifs peuvent être liés à un collaborateur. À l’avenir, il sera même possible pour les employés de gérer leur propre plan de mobilité sur la base du budget qui leur est alloué. L’employé pourra alors voir directement l’impact de tel ou tel choix sur son salaire. C’est un atout non négligeable dans la guerre des talents qui fait rage actuellement. »

l2f : Il y a aussi la Muto Academy. De quoi s’agit-il exactement ?

E.V.B. : « Avec notre événement annuel de networking, le XPOfleet Mobility Day, nous nous plaçons déjà comme un catalyseur rassemblant de multiples points de vue et disciplines afin que les différents acteurs de notre écosystème – clients, prospects, partenaires – puissent apprendre les uns des autres. Grâce à la Muto Academy, nous renforçons ce concept. Par exemple, les utilisateurs peuvent assister à des webinaires et accéder à des tutoriels ainsi que des conseils pratiques liés à la stratégie de mobilité et à la gestion de la mobilité. Nous travaillons également en étroite collaboration avec nos utilisateurs pour développer Muto. Les membres de notre communauté auront la possibilité de voir les versions de développement de nos plateformes, de suggérer de nouvelles fonctionnalités et de voter pour les fonctionnalités à mettre sur notre feuille de route. »

l2f : A partir de quand Muto sera-t-il opérationnel ?

E.V.B. : « Après un « soft launch » en février dernier avec un petit groupe de clients qui ont aidé à tester le produit, nous lançons réellement notre première version ce 22 mai !

Je voudrais d’ailleurs profiter de cette opportunité pour les remercier pour leurs suggestions et commentaires très précieux que nous avons intégrés dans cette première version. C’est le début d’un développement qui se poursuivra pendant très longtemps, au cours duquel nous développerons progressivement Muto en tant que remplaçant, à terme, de l’actuel XPOfleet ».