Le 18 mars 2021 à 12h59
par Eduard Coddé

Électrification du marché fleet: mobilité à haute tension

Ces derniers temps, le fleet management devient de plus en plus du mobility management dans une signification plus large. Tant en matière de voitures que de vélos, on assiste à une tendance claire vers l’électrification. Le choix du pedelec, et dans une moindre mesure du vélo à grande vitesse, est principalement motivé par la motivation pratique de l’utilisateur. L’électrification du parc de véhicules a été plutôt imposée par la législation fiscale.

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En effet, la transition vers la mobilité multimodale n’est pas vraiment neuve, mais le vélo est clairement le grand vainqueur, au grand dam des transports en commun. Selon Renta, le nombre de vélos de société a plus que doublé ces deux dernières années. Plus de la moitié des nouveaux vélos ont une assistance électrique ! Le prix d’achat moyen tourne aux alentours de 3.000 euros. Le leasing de vélo est extrêmement populaire. En général, on remarque que le vélo de société ne remplace pas la voiture de société. Les deux sont appréciés et utilisés de façon complémentaire.

Parmi les nouveaux véhicules immatriculés en Belgique, on voit que le nombre de voitures électrique sa plus que doublé : 1,6 % de parts de marché en 2019 à 3,5 % en 2020. L’augmentation est encore plus claire pour les voitures hybrides : de 4,7 % en 2019 à 10,9 % en 2020. L’électrification des voitures de société est encore plus prononcée. Dans ce cas, la part des VE est passée de 2,30 % à 5,29 % au cours de la même période. Les hybrides sont passés de 5,27 % à 15,26 %. La même tendance, mais moins prononcée, se retrouve dans les immatriculations des conducteurs indépendants, où la part des VE passe de 1,99 % à 3,45 % et celle des hybrides de 11,46 % l’an dernier contre 6,80 % en 2019. Le choix du GPL et du CNG parmi les entreprises reste presque inchangé : minimal. La part des moteurs à essence est passée de 47,94 % en 2019 à 35,13 % en 2020, tandis que celle des moteurs diesel est restée pratiquement stable à 43,58 %.

Attentes

Selon le ‘Company Car Report’, compilé par link2fleet avec le soutien des trois principales fédérations automobiles belges – FEBIAC, TRAXIO et RENTA – les entreprises vont augmenter l’électrification de leur flotte de véhicules en faisant des recommandations à leurs employés. Les projections indiquent une part de 24 % de VE et de 20 % d’hybrides/PHEV d’ici 2025. D’ici 2030, ce serait 45 % de VE et 19 % d’hybrides/PHEV. Notez que d’ici 2030, une part de 19 % pour les moteurs diesel est encore attendue, contre 12 % pour les moteurs à essence. Il est également à noter que l’hydrogène se voit attribuer une part de seulement 1 %, tout comme elle l’était en 2020.

En 2020, environ la moitié des entreprises participant au ‘Company Car Report’ avaient investi sur leur site, dans des infrastructures de recharge pour les voitures électriques ou hybrides rechargeables. Seuls 17 % ne prévoient pas de le faire à l’avenir. Une sur trois a également investi dans l’installation d’une station de recharge au domicile de ses employés. L’an passé, 42 % des entreprises ont indiqué qu’elles n’envisageraient pas de fournir une infrastructure de recharge au domicile des employés. En 2019, ce pourcentage n’était que de 31 %.

Bien qu’il soit difficile de considérer 2020 comme une année de référence en raison de la crise du coronavirus et de son énorme impact, les chiffres relatifs au nombre de kilomètres parcourus montrent des faits frappants. Le nombre total de kilomètres par an a diminué d’à peine 10 % et s’élève toujours à 31.522 km. La proportion de voyages domicile/travail a baissé de 41 % à 37 %, et la proportion de voyages professionnels a également baissé de 34 % à 32 % (11.736 km à 10.241 km). Mais la part des déplacements privés est passée de 25 à 31 % (8.767 km en 2019 contre 9.657 km en 2020).

 

Attention à l’usager et à l’utilisation

L’usager et l’utilisation sont déterminants dans le choix d’un type de motorisation. Wim Buzzi, co-owner de ‘Let if fleet’ conseille d’analyser les critères suivants:

  • Nombre de kilomètres parcourus par an
  • Nombre de kilomètres parcourus quotidiennement
  • Avantages liés au type de motorisation
  • Limites budgétaires fixées au sein de l’entreprise
  • Rechercher les émissions de CO2 les plus faibles possibles dans la limite du budget fixé
  • L’essence et le diesel tiennent toujours leur place dans le fleet pour le moment

 

L’électrification sous la loupe

Interrogée sur l’évolution des ventes B2B chez Audi, Sofie Luyckx, PR Manager d’Audi nous a confirmé que : “La part des EV dans les ventes est passée de 4,16 % en 2019 à 6,64 % en 2020. Pour les PHEV, l’augmentation est beaucoup plus prononcée : de 3,28 % à 8,61 %. Le premier mois de 2021 marque vraiment la tendance de l’électrification : 7,2 % de part pour les VE et un énorme 19,42 % pour les PHEV !”. Non moins intéressant : la part du diesel est passée chez Audi de 55,79 % en 2019 à 57,90 % en 2020, alors que la part des moteurs à essence est passée de 35,12 % à 26,38 % au cours de la même période. Pour le premier mois de 2021, la part du diesel a également diminué, mais atteint toujours un pourcentage non négligeable de 42,72 %.

En examinant les modèles sous la loupe, l’A3 TFSI e n’a été commandée que par 1 % des acheteurs en 2019, alors que ce chiffre est passé à 8 % en 2020, et a même doublé pour atteindre 16 % en janvier 2021. Le Q3 TFSI e PHEV a représenté 36 % des commandes en 2021. Pour l’A6 TFSI e, la part de l’hybride rechargeable dans les ventes totales est passée de 22 % en 2020 à un énorme 46 % en janvier 2021. L’A7 TFSI e PHEV a obtenu une part de 36 % en 2019 et est passé à 79 % en 2020. En 2021, quatre A7 vendues sur sept étaient des PHEV.

Sofie Luyckx poursuit: “La part des voitures électriques dans les ventes totales aux professionnels augmente également, même si pour l’instant nous n’avons que l’Audi e-tron. Cela changera en avril avec le Q4 e-tron, qui sera un tournant pour Audi grâce à un prix de base compétitif.”

“Les hybrides rechargeables sont très intéressants pour donner aux utilisateurs une expérience de la conduite électrique”, déclare Jeroen Lissens, directeur des relations publiques de BMW. “Le PHEV offre les avantages sans les inconvénients.”

Les versions PHEV sont très populaires sur les BMW Série 1 et Série 3. Cette motorisation représente 34 % des ventes sur la berline et 20 % sur la version Touring. La Série 2 Active Tourer affiche une part de 30 % de PHEV, tandis que le X3 est préféré à 42 % dans cette motorisation. Pour le X5, ce sont plus de 2/3 des commandes qui sont faites pour la version PHEV. La MINI Countryman PHEV réussit quant à elle à convaincre 44 % des acheteurs.

Jeron Lissens enchaîne : “Le marché fleet pousse clairement l’électrification. L’argument numéro 1 est évidemment l’aspect fiscal via un calcul de TCO, mais la durabilité est aussi un facteur important pour de nombreuses entreprises. Les employeurs communiquent sur le sujet et mettent en place des chartes sur le zéro émission, ce qui ne manque pas de plaire aux jeunes employés. De plus, il existe un climat d’investissement favorable avec une forte déductibilité pour la facturation des infrastructures au travail et à la maison.”

“Les indépendants et le fleet commandent quasi exclusivement des PHEV”, intervient Bastien Van den Moortel, Press Relations Manager chez Mercedes-Benz Cars. “Au dernier trimestre 2020, la transition vers le PHEV a commencé de manière remarquable. La tendance se poursuit principalement maintenant dans la classe compacte, où la part de PHEV atteint déjà plus ou moins 60 %. Les Classe C et E sont particulièrement performantes, en tant que véhicules hybrides rechargeables diesel. Mercedes- Benz est la seule marque à offrir des plug-in hybrides tant diesel que essence. Un modèle comme le GLE est commandé entre 90 et 95 % en tant que PHEV, c’està- dire en plug-in hybride diesel.”

 

Les PHEV en hausse

Yves Spiessens, directeur de division de Van Mossel Automotive Group, remarque une forte hausse de la demande en motorisation PHEV depuis juin 2020. Tant les entreprises qui commandent les voitures que les utilisateurs demandent aujourd’hui l’offre la plus avantageuse pour les deux parties et se retrouvent donc souvent avec du PHEV. Bien que les voitures équipées d’un moteur à essence soient plus favorables d’un point de vue budgétaire (TCO 1), le traitement fiscal (TCO 2) fait rapidement rattraper le retard de l’hybride rechargeable. L’ATN pour l’utilisateur penche aussi rapidement en faveur du PHEV.

 

L’électrification, à quel prix ?

Pour les fleet et mobility managers, le TCO (Total Cost of Ownership) d’un véhicule est un concept connu depuis longtemps et constitue la meilleure mesure pour sélectionner les modèles de leur flotte. Néanmoins, dans le contexte de la législation fiscale actuelle concernant les voitures de société, il est important d’examiner le concept de plus près.

Ward Martens, managing partner d’Eurofleet Consult, expose le coût réel d’usage de la conduite (électrique) :

1) Le montant de leasing représente à peu près la moitié du coût d’usage

2) Consommation d’énergie

  • Les frais peuvent varier fortement pour un EV ou un PHEV en fonction des possibilités de recharge disponibles (à domicile et/ou travail)

3) Taxes 1 = cash out

  • TMC – minimale pour EV et jusqu’à nulle en Flandre
  • Taxe de roulage – minimale pour EV et jusqu’à nulle en Flandre
  • Cotisation de CO2 – 27,54 €/mois pour un EV

4) Taxes 2 = dépenses rejetées. Ici, les EV montrent tout leur intérêt.

Ces quatre postes regroupés forment le TCO2.

 

Le TCO-2 a été défini pour notre système fiscal belge complexe et est donc le plus utile pour les comparaisons entre les sociétés de location et pour choisir entre les types de motorisations. Ne comparez donc jamais TCO et TCO-2 car ils ne sont pas comparables.

Il faut cependant être prudent avec les PHEV, car dans ces véhicules, le pourcentage de kilomètres parcourus uniquement à l’électricité joue un rôle majeur. En pratique, 60 % des kilomètres doivent être parcourus électriquement pour atteindre l’objectif de TCO-2. Il est également possible d’ajuster le TCO-2 à la consommation personnalisée, c’est-à-dire la part des différents types de trajets dans le total des kilomètres parcourus. Ce dernier est certainement préférable pour les PHEV, car le pourcentage de conduite électrique et le coût de l’énergie électrique peuvent varier considérablement en fonction de l’utilisateur, de la distance parcourue et de l’infrastructure de recharge utilisée.

 

En conduite électrique, il faut prêter attention à :

Le prix de l’énergie électrique peut fortement varier :

– En moyenne 0,23 €/kW

– Plus faible si l’énergie est produite à partir de vos propres panneaux solaires

– Jusqu’à 0,70 ou 0,80 €/kW sur les bornes de recharge publiques.

Le style de conduite et le type de trajet ont une forte influence sur la consommation électrique et par conséquent sur l’autonomie électrique pure. Recharger en route est déconseillé. Vous trouverez en page 12 quelques indications – en partie comparatives – sur les coûts des hybrides rechargeables et des voitures électriques dans les segments de voitures les plus courants.

À l’exception du plus petit segment – le segment B – le calcul du TCO-2 pour les conditions contractuelles données favorise le PHEV. L’utilisateur en bénéficie également en grande partie, grâce à l’ATN net moyen favorable.

Il faut toutefois rester attentifs aux coûts réels d’utilisation, qui peuvent exploser si un PHEV n’est pas utilisé de manière appropriée, soit comme une voiture classique avec uniquement un moteur à combustion. Une car-policy appropriée est donc indispensable pour la mise en oeuvre de l’électrification du parc automobile.

Eduard Coddé

Eduard Coddé, rédacteur de cet article

Cet article parle de : Véhicules , Importateurs et constructeurs

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