Le 17 avril 2023 à 13h18
par Damien Malvetti

Microcars: quels usages pour les entreprises ?

Elles s’appellent Silence, Microlino, AMI ou encore Yoyo. Elles font moins de 3 mètres et sont équipées d’un petit moteur électrique et d’un espace de chargement. Elles, ce sont les microcars. Répondant aux besoins de mobilité urbaine zéro émission, elles comptent bien envahir les centres-villes.

|||||
||||| © |||||

Souvenez-vous : en 2011, Renault étonnait tout le monde en présentant fièrement sa Twizy. Une petite voiture électrique bridée à 45 km/h taillée pour les déplacements en ville et pouvant accueillir, au-delà du conducteur, un passager. Le concept était original, mais le succès n’a pas été franchement au rendez-vous. Entre 2011 et 2020, seuls 25.000 exemplaires se sont écoulés.

Et si, comme ce fut le cas pour plusieurs de ses productions du début des années 2000 (Vel Satis, Wind, Avantime, etc.), la marque au losange avait finalement été visionnaire, mais avait sorti son produit fini un peu trop tôt ? Car aujourd’hui, dans un contexte où les solutions de mobilité alternative se développent et où les voitures thermiques tendent à être exclues des centres urbains, le concept de la mini voiture électrique prend tout son sens pour les déplacements de courte distance en ville.

Si Renault a stoppé la production de sa Twizy, ces derniers mois, d’autres acteurs font leur apparition sur ce marché. Qu’il s’agisse de constructeurs bien connus ou de nouvelles sociétés spécialisées.

L’AMI des villes

La première à avoir été lancée sur notre marché voici près de 3 ans, c’est l’AMI de Citroën, également déclinée sur certains marchés dans la gamme sous le nom de Rocks-e.

Derrière son look peu… conventionnel, l’AMI est un véhicule 2 places côte à côte – contrairement à la Twizy qui proposait ses 2 places en tandem – équipé d’une batterie de 5,5 kWh dont l’autonomie annoncée est de 75 km pour une vitesse maximale 45 km/h. Elle peut être chargée en seulement 3 heures sur une prise de courant domestique 220V.

L’intérieur et l’équipement sont rudimentaires, le confort n’est pas à son plus haut niveau, mais l’AMI affiche un côté gadget qui plaît visiblement beaucoup. En seulement 2 ans de commercialisation, la mini Citroën a dépassé le cap des 23.000 commandes mondiales. Une version Buggy, sorte de clin d’œil à la Citroën Mehari d’époque, a même été commercialisée l’an dernier en édition limitée, et une version MY AMI Cargo, équipée d’un seul siège et d’un espace de chargement de 0,4 m3, a été ajoutée de façon permanente au catalogue pour répondre au besoin du secteur du transport de marchandises.

L’AMI peut en plus être commandée facilement en quelques clics en ligne et affiche un tarif exceptionnellement bas : à partir de 7.790 euros.

Microlino, l’Isetta moderne

Si l’AMI a fait cavalier seul pendant un peu plus de 2 ans, elle va dorénavant devoir composer avec une rude concurrence. Le Salon de l’Auto de Bruxelles a été l’occasion pour de nombreux acteurs de lancer leur solution en la matière.

Group Mobility Solutions y a présenté la petite Microlino, créée par le groupe suisse Micro Mobility Systems et importée chez nous par le groupe D’Ieteren. Assemblée à Turin, la Microlino n’est pas sans rappeler la mythique Isetta des années 50, avec sa portière unique située à l’avant. Elle est capable d’embarquer 1 passager et 230 litres de bagages. « Malgré son format compact, la Microlino affiche un espace intérieur généreux, où deux adultes de grande taille peuvent aisément prendre place », assure Vincent Struye, Managing Director de la marque en Belgique.

Grâce à un choix de trois batteries de capacités différentes et son poids plume (500 kg), l’autonomie de la Microlino oscille entre 90 et 230 km. Sa vitesse maximale est de 90 km/h.

« La Microlino séduit par son côté “trendy” électrique, son look sympathique et sa technologie moderne complètement en phase avec l’évolution de la mobilité urbaine et branchée. Nos clients sont connectés et c’est donc en toute logique que nous leur offrons un service online, en ce compris pour la vente de nos modèles. Un showroom est toutefois accessible dans les bâtiments D’Ieteren de la rue du Mail à Bruxelles, mais le véhicule peut être directement livré à l’adresse du client. »

Son prix est par contre 2 fois plus élevé que la concurrente française : à partir de 14.900 euros.

 

 

Un Silence qui pourrait faire du bruit

Sur le stand du groupe Astara à Bruxelles, les visiteurs ont pu découvrir un autre microcar : la Silence S04, produit et assemblé à Barcelone. La spécificité de cette voiturette ? Elle est équipée de 2 batteries qui peuvent être interchangées à tout moment et qui sont faciles à déplacer, puisque présentées sous forme de trolley.

Sous son look résolument moderne, la S04 propose aussi une place pour un passager et un coffre de 247 litres. Elle se recharge en 6 heures sur une prise normale et offre une autonomie de 150 km. Deux versions de la voiture sont disponibles, avec une vitesse maximale au choix de 45 km/h ou 85 km/h.

Côté tarif, la Silence S04 se négocie à partir de 16.285 euros, soit quasi le prix de base d’une Dacia Spring, la petite citadine 100% électrique de Dacia.

 

Un Yoyo très coloré

Concessionnaire Subaru du côté de Hasselt, V.J.B. Motors a aussi présenté à Bruxelles son nouveau jouet, ou plutôt son nouveau Yoyo, puisque tel est le nom du microcar qu’il importe. Fabriquée par la marque italienne XEV, ce Yoyo arbore un design très coloré et des inserts de portes qui ne sont pas sans rappeler la Twizy, alors que ses lignes générales ont un petit quelque chose de la smart d’origine.

La XEV Yoyo est une biplace avec un coffre de 180 litres. Ici aussi, les batteries de 10,3 kWh sont interchangeables – il faut toutefois se rendre dans une station adaptée – et permettent à la voiture une autonomie totale de 150 km, et une vitesse maximale de 80 km/h. La recharge se fait en seulement 4 heures. Le Yoyo est commandable directement en ligne selon un tarif qui débute à 15.770 euros.

 

Twizy 2.0 et bien d’autres

Avec ces différents modèles, voilà le marché des microcars bien lancé chez nous. Et ce n’est qu’un début puisque d’autres acteurs pourraient encore débarquer, à l’image de la petite Nimbus One. Ou faire leur retour, comme Renault qui, via  Mobilize, sa marque de nouvelle mobilité, devrait prochainement commercialiser la Mobilize Duo, une réinterprétation moderne de la Twizy destinée à la mobilité partagée.

Quel usage pour les entreprises ?

Le car-sharing en milieu urbain, voilà bien un des usages de ces microvoitures pour les entreprises. Mais il y en a bien d’autres. Leur motorisation électrique en fait le véhicule idéal pour circuler en ville en mode 0 émission, et ainsi véhiculer une image durable de votre société. Elles peuvent par exemple servir de support publicitaire pour faire la promotion d’une marque, d’une société ou d’un produit via un flocage adapté.

Elles peuvent tout aussi bien servir de voitures de pool, par exemple pour effectuer de petits trajets intramuros au sein d’entreprises dont les sites sont déployés sur une grande surface ou sur deux sites, distants de quelques kilomètres par exemple.

Les microcars peuvent aussi être mis à disposition d’une entreprise pour permettre à ses collaborateurs d’effectuer facilement leurs déplacements domicile-lieu de travail, où servir de moyen de transport urbain à des organismes publics tels que des administrations, des zones de police, etc. À condition évidemment que la distance et les routes à emprunter le permettent. Elles constituent en ce sens une excellente alternative zéro émission aux petites citadines, à l’heure où, plusieurs d’entre-elles, ont disparu des catalogues des constructeurs (Citroën C1, Peugeot 108, etc.)

Et puis, comme la MY AMI CARGO, elles peuvent aussi servir pour le last-mile delivery de marchandises dans les centres-villes puisque toutes sont aussi équipées d’un petit espace de chargement.

Pas tout à fait des voitures

En réalité, ces engins ne sont pas considérés comme des voitures aux yeux de la loi. Sous la dénomination de « quadricycle léger à moteur », ils entrent en fait dans la catégorie des cyclomoteurs, comme les Aixam et autres voitures sans permis. Mais, en Belgique, le conducteur de l’AMI doit tout de même disposer d’un permis cyclomoteur de catégorie AM, accessible à partir de 16 ans.

On pourrait donc résumer en disant qu’il s’agit de cyclomoteurs électriques équipés d’un habitacle fermé. Bien que certaines affichent une vitesse maximale supérieure à 70 km/h, ces ‘microcars’ sont interdits sur nos autoroutes.

Damien Malvetti

Damien Malvetti, rédacteur de cet article

Damien Malvetti a une formation de journaliste et est passionné par les voitures, la technologie et la mobilité. Il est responsable du contenu éditorial de link2fleet et possède une connaissance approfondie du secteur des flottes et de la mobilité électrique.
Cet article parle de : Véhicules , Importateurs et constructeurs

Articles similaires