link2fleet : Dans quel état d’esprit êtes-vous depuis l’annonce de votre départ ?
Miel Horsten : ‘Mixed feelings’, comme le disent les anglophones. Content évidemment de relever un nouveau défi à l’échelon européen, mais ému de quitter cette fantastique équipe talentueuse avec laquelle je vis des moments uniques depuis bientôt 9 ans. La Belgique est aujourd’hui pointée par les autres filiales du groupe comme un des modèles les plus avant-gardistes et les plus aboutis de notre réseau. Avec, de surcroît, une croissance continue . Ce qui me donne le sentiment du devoir accompli.
Rassurer nos clients
l2f : Quel a été le véritable impact sur votre secteur ?
M.H. : En toute honnêteté, nous faisons partie des ‘privilégiés’ de cette crise. Nous avons la chance de fonctionner sur base de contrats s’étalant sur une durée de 4 à 5 ans, donc le business a continué de tourner pour nous, même si certaines opérations ‘physiques’ ont dû être postposées. Nous avons de surcroît la chance d’appartenir à un groupe bancaire mondial solide, ce qui n’est pas le cas de certains confrères ou clients qui se sont retrouvés avec de sérieux problèmes de liquidités. Pour ceux-là, nous avons mis en place des extensions de durée de contrat, mais aussi de la souplesse au niveau des paiements des loyers.
l2f : Comment voyez-vous cette sortie de crise ?
M.H. : Après le premier impact lié à l’arrêt total de l’industrie automobile le 16 mars, le business va repartir de manière lente et linéaire. Je m’attends toutefois à une nouvelle période difficile d’ici 6 à 9 mois. Cette seconde vague sera en partie liée à l’incertitude planant sur la saturation du marché de l’occasion. Mais il y aura d’autres éléments à surveiller, comme les taux de financement, les primes de risque et la manière dont la production automobile va se remettre en route.
l2f : Quels conseils donnez-vous dès lors à vos clients ?
M.H. : Le moment est inédit et notre véritable plus-value consiste à rassurer nos clients. Ils ne doivent pas céder à la panique. Nous avons conscience que la réalité est douloureuse pour l’ensemble de l’économie puisque nous traversons simultanément une crise financière et une crise sanitaire inédite. Nous constatons toutefois, au travers des signaux qui nous viennent d’Asie, que le monde n’est pas en train de s’effondrer, mais plutôt de se reconstruire. Nous devons être forts, solidaires avec nos clients et mieux travailler ensemble pour construire la mobilité de demain. J’aimerais insister sur le fait que ce raisonnement vaut aussi pour nos fournisseurs dont nous avons apprécié la véritable valeur durant cette période compliquée pour tous.
Flexibilité comme leitmotiv
l2f : Et précisément, à quoi ressemblera cette mobilité de demain ?
M.H. : Nous loueurs devons évoluer vers des modèles plus flexibles. Les entreprises ne souhaiteront sans doute plus se bloquer durant 4 ou 5 ans avec un seul et même véhicule. Leur choix sera déterminé par leurs besoins à un moment précis. Je crois dans un modèle où différents véhicules – neufs ou d’occasion – seront loués avec une grande souplesse pour des périodes plus courtes. C’est d’ailleurs la philosophie du contrat ‘Flex’ que nous avons lancé récemment au sein d’ALD. Ces choix plus flexibles de véhicules seront de surcroît renforcés par une offre multimodale encore mieux intégrée.
l2f : Pensez-vous au sortir de cette crise que les utilisateurs sont fondamentalement prêts à changer leur manière de se déplacer ?
M.H. : Le choc a été violent et bon nombre de sociétés ont pris le temps de réfléchir. À la fois sur leur gestion tactique, mais aussi sur leur vision stratégique. Quelques grandes tendances se dégagent : plus de télétravail, moins de kilomètres, frilosité passagère pour les transports publics, plus de flexibilité, plus de digitalisation, plus d’écologie, moins de prise de risques, etc. Les grandes tendances que nous connaissions avant la crise vont demeurer. Elles seront vraisemblablement un rien accélérées. Mais soyons réalistes, il ne faut pas s’attendre à ce que notre manière de fonctionner change drastiquement.