Fin juin 2017, Jan Van Lishout a créé Qteal avec son cofondateur Herman Jansen. Leur leitmotif : ‘Great systems make people happier to create exceptional things’. Jan Van Lishout : “Les produits sont fabriqués par des personnes qui sont les garants de leur qualité. Les gens heureux travaillent mieux, réalisent des produits de meilleure qualité, avec, à la clé, des clients et des collaborateurs plus satisfaits.”
Cette philosophie prévaut dans toute l’entreprise qui est portée par des équipes autonomes qui veillent au respect des cinq valeurs de la société : transparence, ‘Ownership’ (implication, responsabilité pour ses actes), partnership, authenticité et amélioration permanente. Jan Van Lishout explique : “Opter pour un véhicule hybride rechargeable ne doit pas être un choix guidé par une fiscalité plus favorable, mais par des préoccupations environnementales. C’est cela l’authenticité. Il convient dès lors de faire usage de façon cohérente de ce véhicule PHEV, et donc, rouler un maximum de temps en mode électrique. Cette vision demande un effort, mais seule une utilisation appropriée de la technologie a, selon nous, du sens.”
Transparence
Le concept de la ‘Transparence’ va très loin chez Qteal : “Les salaires sont connus de tous les collaborateurs”, nous étonne Jan Van Lishout. “Ce sont les gens eux-mêmes qui décident de leur niveau de salaire, pas uniquement les managers. Et, plus fort encore, Qteal fonctionne sans patrons, ni managers. De cette façon, les travailleurs sont obligés de procéder à une auto-évaluation honnête et permanente. Ensuite, les collègues évaluent, accompagnent et décident.”
‘Salaire’ n’est d’ailleurs pas la dénomination appropriée, on parle plutôt de ‘Total Package Cost’ par collaborateur, soit un montant en euros qui couvre tous les frais liés à son emploi et l’exécution de sa fonction. Ce pack ne prévoit pas nécessairement une voiture, comme c’est pourtant habituellement le cas dans le secteur ICT.
Qteal a consciemment fait table rase des recettes classiques pour partir de la proverbiale page blanche. “Les RH ne font pas partie du core-business et il n’y a dès lors pas de département RH”, poursuit Jan Van Lishout. “Il n’y a pas d’imprimantes, pas d’e-mails qui sont remplacés par une plateforme IT commune où tout est partagé. Les banques, assurances, fiduciaires, avocats et aussi les sociétés de leasing n’ont d’ailleurs pas compris cette transparence ni le travail paperless.”
Répondre aux besoins de mobilité
Bien que le ‘Total Package Cost’ ne prévoie pas une voiture par collaborateur, Jan Van Lishout est bien conscient des besoins en mobilité de chacun de ses collaborateurs. “Les besoins réels sont identifiés et nous nous efforçons d’y répondre”, clarifie-t-il. “Nous vérifions pour chacun des membres de notre personnel quelle serait la formule idéale pour effectuer les déplacements domicile-lieu de travail, quels sont les déplacements professionnels attendus de par la fonction exercée, quels déplacements privés il/elle s’attend à réaliser, et, enfin, comment envisagent-ils leur mobilité pendant les vacances. En bref, les besoins de mobilité sont mis à nu à partir de la vraie vie du consommateur de mobilité, qui ensuite, opère lui-même ses choix ! ”
En principe, il n’y a pas de voiture assignée à des personnes spécifiquement, mais bien sûr voitures il y a : 16, dont 4 hybrides et PHEV. “Qteal a mis en place une sorte de système de voitures partagées”, explique Jan Van Lishout. “Il s’agit d’une formule de location interne avec refacturation des coûts par journée utilisée vers le ‘Total Package Cost’ de chaque utilisateur. Après deux ans, nous en sommes arrivés à réserver deux grandes berlines dans le pool pour les vacances.”
Ce système de location interne est la concrétisation d’une des valeurs de Qteal : ‘ownership’. Le partage des voitures est aussi un stimulant pour les rendre en bon état après utilisation. L’objectif est de limiter le nombre de kilomètres parcourus à ≤ 30.000 par an.
Budget mobilité
Le ‘Total Package Cost’ par collaborateur Qteal inclut tous les coûts de la mobilité, qui sont identifiés comme un budget de mobilité interne.
“Le budget de mobilité est déterminé sur base du TCO d’une voiture de leasing type pour un débutant”, explique Jan Van Lishout. “La société de leasing Alphabet nous a accompagnés dans notre vision et, via ce partenaire, nous travaillons avec la carte de mobilité XXImo. Le budget de mobilité de chaque collaborateur est inscrit en tranches mensuelles sur la carte de mobilité. Si à la fin du mois, il y a un surplus, il devient la propriété du collaborateur.”
Si un collaborateur est amené pour une période déterminée à effectuer des déplacements plus longs que prévu, le budget de mobilité peut être temporairement revu à la hausse et sera imputé au projet concerné.
Le choix de ce mode de fonctionnement n’est pas resté sans conséquence… Alphabet n’était pas habitué à relier la carte de mobilité à une personne et non à un véhicule, comme c’est l’évidence avec une carte carburant. Il est cependant possible qu’un collaborateur de Qteal ne fasse pas usage d’une voiture pendant un mois, mais effectue ses déplacements avec d’autres modes de transport. Les travailleurs sont en principe domiciliés dans un rayon de 30 km par rapport à nos bureaux. La formule de la carte de mobilité a eu pour effet que les travailleurs recherchent les stations-service les plus avantageuses, conduisent plus sobrement pour bénéficier d’un surplus plus conséquent à la fin du mois. “Au départ, nous avons reçu des cartes carburant avec des remises basées sur le volume”, se souvient Jan Van Lishout. “Mais cette proposition ne cadrait pas du tout avec notre objectif qui est de parcourir moins de kilomètres en voiture et de polluer moins.”
La vision Qteal met encore davantage de lacunes en évidence. Ainsi, la carte de mobilité XXImo ne propose, pas loin de là, tout ce qui est nécessaire pour obtenir une flexibilité totale en matière de mobilité, raison pour laquelle des réaffectations des coûts mensuels s’avèrent souvent nécessaires. Le fait de pouvoir faire le plein d’essence ou de diesel sur la carte de mobilité d’une même personne, et cela suite à notre système interne de partage de voitures, a donné lieu à des discussions avec la comptabilité. “Le fisc nous impose de déclarer avec précision le nombre de kilomètres parcourus en diesel ou en essence pour pouvoir calculer la déductibilité appropriée”, commente Jan Van Lishout. “Nous avons choisi d’aligner la déductibilité pour les deux types de carburant, contraints et forcés la plus basse, mais cette obligation ne correspond pas, et nous le regrettons, avec une de nos valeurs, l’authenticité.”
Deux composants différents
Budget de mobilité et ‘salaire’ sont considérés comme deux composants différents au sein du ‘Total Package Cost’.
“Un débutant qui vient d’achever ses études avec un “Total Package Cost” de 60.000 euros/an y compris un budget de mobilité mensuel de 800 euros a le loisir d’opter pour une proportion différente”, indique Jan Van Lishout. “Chaque collaborateur peut choisir d’augmenter son budget de mobilité avec comme conséquence bien sûr un ‘salaire’ revu à la baisse. Autre option : transférer l’indexation du salaire vers le budget mobilité. Pour autant que des accords clairs soient pris, y compris en concertation avec les partenaires sociaux, tout est possible.”
Qteal a également introduit le vélo de société. Cette option a créé de nouvelles expériences qui ont réduit le nombre de kilomètres parcourus en voiture et augmenté le solde de la carte de mobilité personnelle. Celle-ci autorise aussi la combinaison entre l’utilisation d’un vélo en leasing et d’un vélo partagé.
Une vision de la mobilité
Dans un avenir très proche, Qteal entend mesurer les émissions réelles de son parc de véhicules et les réduire. Jan Van Lishout : “Il faut en finir avec les clichés : une voiture qui émet 150 g/km de CO2 est considérée comme inacceptablement polluante, mais si celle-ci ne parcourt que 10.000 km/an, elle ne polluera pas plus qu’une PHEV émettant 50 g/km d’émissions, mais parcourant 30.000 km par an. Qteal se veut être authentique, c’est pourquoi nous abaisserons les émissions de notre parc automobile dans sa totalité en nous basant sur la consommation réelle des carburants fossiles.”
“Nos ingénieurs disposent tous d’une certification”, poursuit Jan Van Lishout. “Nous entendons que ce soit aussi le cas pour la sécurité et la mobilité en certifiant aussi la conduite automobile via des formations dans une école de maîtrise automobile, ce qui est, en même temps, une superbe activité de team building.”
Les bénéfices réalisés par Qteal sont répartis selon une clé, en l’occurrence 20% pour les collaborateurs de l’entreprise et 60% affectés aux investissements dans des projets. Pour l’heure, une proposition d’investissement a été déposée en faveur d’une compensation CO2 via la pose de toits verts.
Jan Van Lishout conclut : “Nos KPI ne portent pas sur les bénéfices réalisés. Nous préférons miser sur le bien-être et la satisfaction de nos clients et de nos collaborateurs.”