Le 22 novembre 2022 à 14h34
par Jeroen Evens
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Dennis Nobelius (COO Polestar) : « Nous voulons que nos véhicules soient livrables sous 2 semaines. »

Le secteur automobile est en pleine mutation. L’évolution vers des véhicules à propulsion électrique ouvre des opportunités pour que de nouveaux fabricants puissent prospérer sur le marché européen. L’un des nouveaux venus les plus attractif est certainement le suédois Polestar. Le cousin de Volvo spécialisé dans les voitures électriques sportives fait de solides progrès et la popularité de son modèle phare, la Polestar 2, augmente. Une raison suffisante pour que link2fleet visite leur (magnifique) siège social à Göteborg pour un entretien avec Dennis Nobelius, Chief Operating Officer de la marque.

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link2fleet: Bonjour Dennis. Pour ceux qui ne connaissent pas (encore) Polestar, pouvez-nous nous présenter vos modèles et vos ambitions ?

Dennis Nobelius: “Absolument. En tant que marque de performance soutenue par Volvo, nous avons construit entre 2019 et 2021 une édition limitée d’une GT électrique hybride performance, la Polestar 1, qui offrait une autonomie électrique de 124 km (WLTP), ce qui était à l’époque un record mondial pour une voiture hybride. Mais avec l’arrivée de la Polestar 2, un  » fastback performance  » entièrement électrique, nous visons le grand public, et cela marche très bien. En octobre, nous avons présenté notre Polestar 3, un SUV électrique. En 2020, Polestar a vendu environ 10.000 voitures, d’ici la fin de l’année, nous devrions avoir vendu environ 50.000 véhicules. D’ici la fin de l’année 2025, nous espérons avoir multiplié notre chiffre d’affaires par pas moins de 10 par rapport à l’année dernière, en vendant quelque 290.000 véhicules. »

l2f: L’entreprise a choisi un moment « compliqué » pour se lancer. Il y a d’abord eu la pandémie, suivie maintenant par des pénuries de production, l’invasion russe de l’Ukraine et la perspective de difficultés économiques. Cela a-t-il affecté la stratégie de l’entreprise de quelque manière que ce soit ?

D.N.: “Depuis le début, Polestar est une marque purement digitale. Par exemple, vous ne pouvez acheter nos voitures qu’en ligne. Il est amusant de constater que cela correspond à l’évolution que nous connaissons depuis la pandémie. Notre avantage, est que nous disposions déjà des canaux numériques nécessaires. Le contexte dans lequel nous avons commencé n’était effectivement pas facile, mais il nous a fait prendre conscience que nous pouvions faire les choses « différemment », et apparemment avec succès. Polestar est actuellement présent sur 27 marchés. Israël a été ajouté à cette liste en septembre, et depuis peu, le public italien peut aussi acheter nos voitures. Vers la fin de 2023, nous espérons être actifs dans environ 30 pays..”

l2f: Quelles sont les ambitions de Polestar en Europe, et pouvez-vous nous en dire davantage sur les modèles à venir ?

D.N.: “Nous sommes le premier constructeur européen qui soit spécialisé dans les voitures électriques. Comme Tesla aux USA. Notre ambition de croissance est fixée sur l’Union européenne. Nous sentons que notre marque plaît sur ce marché. La durabilité, le design, les prestations. Ce sont nos valeurs clés et le public européen sait les apprécier. D’ici 2030, nous voulons des pouvoir fabriquer des voitures ‘climate neutral’, et nous voulons le faire avec une sélection de 16 partenaires issus de l’industrie automobile et d’autres secteurs, le monde académique et des start-ups. De plus, nous avons récemment présenté notre Polestar 3, un SUV électrique aérodynamique. Nous voulons également que nos véhicules soient livrables sous 2 semaines. »

l2f: La gamme limitée de modèles est un choix. Pensez-vous que vous auriez autant de succès si vous disposiez d’une gamme plus large ?

D.N.: “Polestar est une des marques électriques les plus ambitieuses. En quelques années, nous avons construit un portfolio électrique très fort avec 3 voitures, c’est énorme comparé à certains concurrents. Notre philosophie est de bien équiper de série nos modèles. Ainsi, notre modèle de base est déjà un produit premium, et cela rend le choix beaucoup plus facile. Avant, il y avait le car-configurator qu’offraient certaines marques, qui ressemblait davantage à une jungle. Nous faisons les choses de façon simple, avec moins d’options. C’est aussi ce qui nous permet d’avoir des délais de livraison plus courts. Mais les clients ont tout de même encore le choix entre une version long range single motor, une dual motor, etc. »

l2f: Parlons un peu de l’avenir de la mobilité. Quel sera pour vous le plus grand ‘game changer’ dans le secteur, après l’électrification ? Je pense par exemple à la conduite autonome ou à l’autopartage. Et comment votre entreprise en tient compte dans sa stratégie ?

D.N.: “Le logiciel définira un grand nombre de ces étapes. Nos voitures sont connectées, toutes les six à huit semaines, le système télécharge automatiquement un nouveau logiciel avec de nouvelles fonctionnalités. La « conduite autonome » va aussi devenir importante. Les capteurs seront de plus en plus performants, et il sera plus facile pour la voiture de se conduire elle-même en toute sécurité. Je pense surtout aux trajets sur l’autoroute ou lorsqu’il y a un embouteillage. À l’avenir, vous pourrez mettre votre voiture en  » conduite automatique « , et lire un livre ou écouter de la musique. »

l2f: Est-ce-que Polestar étudie la possibilité de développer son propre réseau de chargeurs, un peu comme l’a fait Tesla ?

D.N.: “Quand Tesla s’est lancée, il y avait une nécessité d’avoir un réseau propre de chargeurs, donc ils l’ont fait. Pour nous, ce n’est pas nécessaire. Les clients Polestar peuvent aujourd’hui recharger sur 300.000 bornes à des tarifs préférentiels grâce à notre partenariat avec Plugsurfing. Nous pensons qu’il est plus important de définir des partenariats stratégiques, et par exemple, avec une attention particulière à la navigation et aux cartes. »

 

Jeroen Evens

Jeroen Evens, rédacteur de cet article

Jeroen Evens a suivi une formation en communication (KULeuven) et suit avec enthousiasme tout ce qui touche à la mobilité et aux véhicules de société. En tant que journaliste indépendant spécialisé dans le secteur fleet, il suit depuis trois ans les dernières évolutions de notre secteur.
Cet article parle de : Véhicules , Importateurs et constructeurs
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