link2fleet : Doit-on voir cette sortie médiatique comme une annonce pour faire parler d’Alphabet ?
Erik Swerts : Absolument pas. Il s’agit d’un choix totalement assumé. Nous ne nous sentions pas à l’aise avec le flou artistique qui règne actuellement. La cohabitation entre le NEDC 2.0, amené à rapidement disparaître mais toujours la référence fiscale officielle, et l’arrivée imminente, mais pas encore déterminée, du WLTP créent une confusion indescriptible dans l’esprit des clients. Avec la transformation en profondeur que vit notre secteur, je pense que les entreprises n’ont pas besoin de tracas supplémentaires.
En solo
l2f : S’agit-il d’une initiative strictement personnelle d’Alphabet ou vous-êtes vous concertés avec vos collègues au travers de la fédération Renta par exemple ?
E.S. : Non, il n’y a eu aucune concertation. Nous plaidons pour la plus grande transparence par rapport à nos clients. Continuer à baser sa politique fleet sur des bases de calcul qui vont être prochainement modifiées n’est pas constructif. Cela retarde également le processus d’écologisation des flottes. Nous souhaitons par cette initiative envoyer un message clair aux entreprises : n’attendez pas, anticipez et revoyez votre car policy dès maintenant en fonction des nouvelles normes WLTP au risque de vivre de mauvaises surprises. Le conducteur est également pris en compte dans notre raisonnement vu qu’il pourrait subir un changement brutal de son ATN en cas de modification du règlement.
Erik Swerts : Continuer à baser sa politique fleet sur des bases de calcul qui vont être prochainement modifiées n’est pas constructif.
l2f : Sur un plan plus général, satisfait par la note du gouvernement annonçant le ‘zéro émission’ à partir de 2026 ?
E.S. : Cette annonce va certainement dans la bonne direction. Je pense que l’objectif 2026 est réalisable pour autant que trois paramètres essentiels soient réunis. Premièrement, une offre des constructeurs plus large mais aussi plus démocratique. Deuxièmement, une infrastructure publique et privée digne de ce nom. A ce sujet, l’investissement pour installer 30.000 bornes de recharge supplémentaires en Flandre témoigne d’une réelle volonté des toutes les parties concernées. Et troisièmement, et il s’agit sans doute de l’obstacle le plus difficile à franchir, un changement du comportement humain. Pour aider les entreprises et les employés à réussir cette transition vers la durabilité et la multimodalité, une vision fiscale à long terme est absolument indispensable.
Et sur le long terme ?
l2f : Etes-vous d’accord de dire qu’étant donné la nature de vos activités, les sociétés de location longue durée ont finalement été très peu impactées par la crise Covid-19 ?
E.S. : C’est peut-être vrai aujourd’hui car notre revenu est réalisé sur la flotte roulante mais c’est probablement demain que nous risquons de ressentir les effets. Les dégâts réels dans les entreprises sont toujours difficiles à évaluer à l’heure d’aujourd’hui mais cela risque d’avoir des conséquences importantes sur les commandes futures.
l2f : Comment voyez-vous le rôle des sociétés de leasing évoluer ?
E.S. : Ca a déjà pas mal bougé ces cinq dernières années, ne croyez-vous pas (rires…) ? De ‘simple’ loueur de voitures, nous arrivons aujourd’hui à maturité dans notre rôle de fournisseur de mobilité. Avec la transformation extrêmement rapide que vit notre industrie, la mission de conseiller au chevet de nos clients prend aujourd’hui toute son importance. En tant que fournisseur de mobilité, nous vivons ces changements avec beaucoup de satisfaction mais aussi d’excitation. Nous essayons de nous préparer le mieux possible aux nouveaux challenges mais sans toutefois avoir la boule de cristal. A quoi ressemblera notre mobilité dans 10 ans ? Quelle y sera encore la place de la voiture ? Difficile d’y répondre. Raison pour laquelle notre secteur doit sans cesse se réinventer et continuer à faire preuve d’agilité afin de répondre aux défis de la mobilité de demain.