link2fleet : Monsieur Fontenelle, pouvez-vous revenir sur la genèse du regroupement entre Thalys et Eurostar ?
B.F. : « Le projet de fusion a été lancé en septembre 2019 sous le nom ‘Greenspeed’ dans le but de créer la plus grande entreprise ferroviaire à grande vitesse en Europe. Il a fallu attendre l’agrément de la commission européenne en matière de concurrence, ce qui a pris un peu de temps notamment en raison de la crise du COVID-19, mais nous l’avons finalement obtenu le 10 mai 2022. En octobre 2023, ce mariage devenait effectif sur le terrain avec la disparition du nom Thalys, qui est devenu Eurostar pour la nouvelle entité.
Malgré un nouveau logo désormais visible sur tous les trains et une nouvelle identité visuelle caractérisée par une palette de couleurs, les clients ne sont pas trop dépaysés sur le terrain puisque les trains ont conservé leurs couleurs caractéristiques : les trains ‘bleu’ circulent toujours de et vers Londres, tandis que les trains ‘rouge’ (ex-Thalys, ndlr) assurent toujours les trajets sur le continent. Depuis Bruxelles, où le siège de la nouvelle entité est installé, nous opérons donc désormais vers Paris, Amsterdam, Schiphol, Rotterdam, Cologne, Düsseldorf, Essen ou encore Dortmund, et donc aussi vers Londres. A titre d’exemple, un voyage Bruxelles-Paris est effectué en 1h22, un Bruxelles-Amsterdam en moins de 2h00. »
l2f : Quelles sont les raisons d’un tel rapprochement ?
B.F. : « Le but était triple. D’une part la robustesse : nous avions l’opportunité d’associer deux entreprises complémentaires dans le domaine de la grande vitesse ferroviaire en Europe pour créer un groupe encore plus fort. Ensuite, ce rapprochement doit permettre une amélioration des services et de l’expérience client en prenant le meilleur des deux offres. Enfin, un projet de croissance en mutualisant nos forces. Notre objectif à terme est d’augmenter le nombre de passagers sur nos trains : le chiffre de 30 millions de voyageurs par an pour l’horizon 2030 a été annoncé. A titre de comparaison, en 2023, 18,6 millions de clients ont voyagé sur l’ensemble de nos trains, ce qui correspond au niveau de 2019, soit avant la crise du Covid-19. »
l2f : Quelle proportion la clientèle business représente-t-elle au sein de vos voyageurs ?
B.F. : « Historiquement, la clientèle Eurostar (Londres-Bruxelles, ndlr) a toujours été davantage à orientation loisir. Sur les lignes continentales, on était plutôt à une proportion de 50% business/50% loisir. Évidemment, l’émergence du télétravail consécutif à la crise du COVID-19 a fait diminuer le pourcentage de clients business. Ils sont revenus après le Covid, mais dans une moindre mesure qu’auparavant. »