link2fleet: Y-a-t-il encore un avenir pour la voiture de société ?
Joris Spigt: “Il y a certainement encore un avenir pour la voiture de société. Elle fait partie du package salarial de bon nombre de belges. Tant que le système fiscal global ne sera pas revu, je pense clairement qu’elle a un avenir. Et vu la lenteur des réformes fiscales en Belgique, je pense que nous sommes actuellement encore sûrs des voitures de fonction dans un avenir lointain, combinées ou non dans un budget de mobilité.
Comment imaginez-vous le secteur fleet évoluer d’ici 20 ans ?
J.S.: “Est-ce-qu’on parle du secteur fleet ou du secteur de la mobilité? Car on parle de plus en plus de mobilité au lieu du fleet. Le fleet manager devient aussi de plus en plus un mobility manager ou en tout cas, va le devenir. On voit aussi très clairement aujourd’hui que l’électrification présente d’énormes défis. Il y a 20 ans, la flotte était constituée d’un véhicule, d’un budget, d’une carte de carburant, « and go with it ». Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Le responsable de la mobilité – ou l’entreprise – doit regarder s’il existe une électrocomptabilité dans son entreprise. Regarder clairement quel employé peut changer et quand il le peut. Il est donc très important que nous guidions les entreprises pour qu’elles fassent cette transition, car ce n’est pas évident. Au sein de D’Ieteren, nous avons une entreprise appelée Mob Box, qui peut guider les entreprises pour faire le premier pas vers cette électrification. »
Sera-t-on encore demain propriétaire de sa voiture personnelle?
J.S.: “L’est-on déjà aujourd’hui, propriétaire de sa voiture ? La majorité des voitures qui circulent dans notre pays sont déjà aujourd’hui en location ou en leasing, je pense donc qu’en termes de propriété pour le client B2B, les choses vont changer. Nous allons commencer à utiliser de plus en plus la voiture ‘as a service’. Si on regarde comment des entreprises comme Poppy, mais aussi Miles – et le covoiturage en général – commencent à avoir du succès, je suis convaincue que la possession d’une voiture sera vécue différemment demain. Donc tout le monde ne va pas avoir la même voiture en permanence, mais les gens vont utiliser la voiture quand ils en ont besoin. Mais ils vont aussi utiliser les transports publics, les transports en commun, ou un scooter ou une voiture partagée ou même un vélo partagé, en fonction de leurs besoins. »
Les carburants fossiles feront-ils encore partie du mix énergétique de demain?
J.S.: “Le mix énergétique d’aujourd’hui est en grande partie déterminé par la fiscalité et le politique. Les stimuli fiscaux font que l’électrification bat son plein en Belgique. On voit la même tendance chez nos voisins néerlandais. Les pays scandinaves sont encore un pas plus loin en ce qui concerne l’électrification de leur parc automobile. Mais tout cela est uniquement dû à des raisons fiscales. Regardez nos voisins sudistes, qui voient l’électrification comme un défi encore très lointain, tout simplement parce qu’ils n’y sont pas forcés fiscalement. De plus, les sociétés pétrolières travaillent à des alternatives, à des carburants verts, et qui sait – dans 10 ans -, la science découvrira peut-être une solution miracle dont nous ne soupçonnons pas encore l’existence… »
Quel avenir pour les concessionnaires ?
J.S.: “Je suis convaincu qu’il y a un avenir pour les concessionnaires. Aujourd’hui, nos dealers B2B sont structurés en business units. Comme le reste du secteur, ils évoluent en mobility units. Les clients B2B trouvera chez ces concessionnaires des spécialistes qui vont analyser ses besoins, et en fonction de cela, proposer la meilleure solution de mobilité que nous offrons sur le marché avec notre portefeuille. Alors oui, le concessionnaire sera certainement toujours là. Ils deviennent de plus en plus spécialistes de la mobilité, et celle-ci est de plus en plus digitalisée. »
Conduite autonome, mythe ou réalité ?
J.S.: “Ce sera certainement une réalité. Quelqu’un qui prend aujourd’hui possession d’un véhicule remarque que les aides dans sa voiture, par rapport à ce qu’il connaissait il y a dix ans, diffèrent du noir au blanc. Nous parlons de l’assistance au maintien dans la voie, du régulateur de vitesse adaptatif. Mais les fabricants vont plus loin et continuent à se développer. L’année prochaine, il y a un projet pilote à Hambourg où l’ID.Buzz se déplacera comme un taxi, entièrement autonome. Un projet pilote lancé par le groupe VW et la ville de Hambourg. Et je suis convaincu qu’après-demain, c’est-à-dire lorsque le cadre juridique et le cadre d’assurance seront en place, nos véhicules seront encore plus autonomes. Cela va à l’encontre du principe de possession. Après-demain, nous appellerons une voiture qui nous conduira de A à B, partagée ou non avec d’autres personnes se rendant au même endroit. Cet avenir arrive, j’en suis convaincu. Et ce sera un avenir très agréable, car nous allons pouvoir utiliser encore plus notre temps dans nos véhicules. Nous allons gagner du ‘mobili-time’ ! ».