Le marché automobile européen souffre. Les annonces du groupe Volkswagen, entre autres, en témoignent, avec notamment la fermeture de l’usine Audi à Forest. Autrefois symbole de la prospérité et de l’innovation d’après-guerre, le secteur se trouve aujourd’hui dans un état de stagnation, voire de régression. En effet, en 2024, le marché automobile belge s’est affiché en contraction. Il vient d’enregistrer 9 mois consécutifs de baisse par rapport à 2023. Comment l’expliquer ? Avec une interaction complexe de facteurs.
Quelles perspectives pour le marché auto en 2025 ?
Incertitudes, fermetures d’usines, climat économique morose, valeurs résiduelles de véhicules électriques problématiques… Comment résumer cette année 2024 et quelles sont les perspectives pour l’année qui se présente devant nous ?
Un parc automobile vieillissant
En Europe, à l’exception de quelques pays (Norvège, Danemark, entre autres), les consommateurs manifestent une hésitation notable à l’égard des véhicules électriques. Prix d’achat élevés (mais il y a de l’espoir, on y revient plus bas) et infrastructures de recharge encore insuffisantes sont au sommet des inquiétudes. De plus, de nombreux profils d’utilisateurs ne peuvent tout simplement pas rouler en VE avec sérénité. Pensons à ceux qui habitent en appartement ou en copropriété, sans solution pour recharger à domicile, par exemple. Cette réticence se manifeste dans un contexte où les prix des voitures neuves ont augmenté de plus de 30% au cours des 5 dernières années, dépassant la croissance modeste du revenu disponible des ménages. Dès lors, au lieu d’investir dans de nouveaux véhicules, les gens choisissent d’utiliser leurs voitures plus longtemps. Cette tendance se reflète dans l’augmentation de l’âge moyen des véhicules sur le Vieux continent. Et quelles sont les conséquences pour notre secteur ? Nous allons y venir, en évoquant les valeurs résiduelles des voitures électriques…
Vers une prolongation des leasings ?
Les difficultés liées au passage à l’électrique expliquent pourquoi il n’y a pas de demande sur le marché de l’occasion. Globalement, le particulier n’en veut pas. Pourtant, l’offre augmente. Résultat ? Les VE ne valent pas grand-chose sur le marché de l’occasion. Friands qu’on leur exporte des véhicules essence et diesel d’occasion, les pays étrangers comme la Pologne, la Roumanie, le Portugal ou le continent africain ne veulent pas non plus de voitures électriques, ce qui n’aide pas à augmenter leur valeur résiduelle. D’où la sonnette d’alarme tirée en novembre dernier par Johan Portier, président de Renta et CEO d’Ayvens (LeasePlan/ALD Automotive) :
« Sur le marché de l’occasion, le VE ne rencontre pas le succès. Il y a donc un risque de devoir étendre les contrats de leasing de voitures neuves jusqu’à 10 ans, ce qui serait néfaste pour les immatriculations sur le marché du véhicule électrique neuf. Car rappelons que le véhicule de société permet de verdir le parc automobile belge ! Je m’adresse donc au futur gouvernement fédéral pour instaurer des aides à l’achat pour le VE adressées aux particuliers, ce qui n’est pas du ressort de Renta. Nous demandons aussi des règles stables et pas de yoyo. »
En effet, sans aide à l’achat pour les particuliers, les ventes de VE s’effondrent. On l’a vu en Allemagne avec la suppression des primes à l’achat. En France, le signal actuel donné par le gouvernement n’est pas non plus réjouissant : il a récemment annoncé que le bonus écologique serait considérablement réduit pour les voitures particulières, tandis que le bonus écologique pour les véhicules utilitaires légers serait entièrement supprimé. Ces changements de politique suppriment un mécanisme de soutien crucial pour les véhicules électriques et viennent grossir les défis croissants de l’industrie.
Mais revenons-en aux valeurs résiduelles très faibles des véhicules électriques, qui touchent de plein fouet les sociétés de leasing et notre marché. Ces valeurs sont ridicules. Pourtant, elles déterminent le prix du leasing ! Soit les loyers vont augmenter, soit le secteur va devoir accepter des contrats de leasing portant sur 6, 8, voire même 10 ans comme l’expliquait le président de Renta. Serait-ce une solution dans un monde aux ressources très loin d’être infinies ? Raisonnablement, oui, peut-être, mais si ça se produit, le marché jugera (ou n’aura pas le choix)…
Un élan positif ?
Terminons tout de même sur une note d’espoir. Les véhicules électriques abordables arrivent enfin concrètement sur le marché et cela pourrait changer la donne. Citons la Dacia Spring, la Citroën ë-C3, la Renault R5 ou encore le Skoda Elroq, ce dernier étant quasiment au même prix que son équivalent à essence, le Skoda Karoq. Ces modèles devraient rencontrer un joli petit succès sur le marché fleet et pourraient, par la suite, trouver preneurs sur le marché de l’occasion, de quoi redonner un élan positif au secteur. Du moins, pour autant que les politiques belges et européennes se donnent les moyens de leurs ambitions, avec des décisions logiques qui ne tuent pas leur propre industrie et, surtout, qui sont réalisables…
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