Le 8 mai 2022 à 16h19
par Damien Malvetti

TCO: l’arbre qui cache la forêt

Quiconque a été impliqué de près ou de loin dans la gestion d’une flotte sait que le calcul du TCO des voitures que vous incluez dans votre car-policy est une nécessité absolue si vous voulez connaître le véritable coût de votre flotte. Malheureusement, il existe de nombreuses variantes du TCO. Pas toujours facile de comparer des pommes et des poires.

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En fonction de la méthode choisie, il existe plus de 50 approches différentes du concept de total cost of ownership. Dans la pratique, on s’accorde sur une approche qui prend en compte trois concepts : TCO 1, TCO 2 et TCO 3. Plus précisément, l’approche la plus couramment utilisée est celle dite TCO 2 qui tient compte de la taxe sur les dépenses rejetées. C’est également la méthode de calcul utilisée par les pouvoirs publics pour déterminer le budget de mobilité. Nous allons parcourir ensemble ces trois concepts. Vous pourrez ainsi travailler avec l’approche la plus correcte pour le coût de votre flotte. 

 

TCO 1 : la base pour vos calculs 

Dans le calcul du TCO, l’objectif est d’être aussi complet que possible. Cela signifie que les calculs de TCO qui ne prennent en compte que le prix d’achat, mais pas l’entretien ou les pneus, ou les calculs de TCO qui ne prennent en compte que le coût de financement mais pas la valeur de revente, ne donnent pas une image correcte de ce que coûte réellement une voiture à l’entreprise. 

Par conséquent, le calcul du TCO de base est basé sur un montant mensuel en location à long terme, services compris. L’avantage est qu’un tel prix de location tient déjà compte de la valeur de revente à la fin de la période d’utilisation, ce qui est très difficile lorsque vous utilisez un autre mode de financement. En outre, le tarif de location long terme comprend l’entretien, le remplacement des pneus, des services tels que l’assistance en cas de panne et une voiture de remplacement, ainsi que l’immatriculation et la taxe de circulation, ce qui en fait un ensemble assez complet et donc la base parfaite pour votre calcul.  

Dans le cadre de ce qu’on appelle le TCO 1, on ajoute aussi à ce coût de loyer mensuel à long-terme la TVA non-récupérable sur le montant de la location (ou la totalité de la TVA s’il s’agit d’un client non-assujetti à la TVA). Les autres éléments dans le calcul du TCO 1 sont l’éventuelle cotisation de solidarité CO2 (d’application quand la voiture est mise à disposition d’un employé qui en fait aussi un usage personnel) et les coûts de carburant ou d’électricité. 

Le TCO 1 est aussi appelé ‘Cash Out-TCO’, parce que le coût en TCO 1 est basé sur ce que vous devez payer tous les mois pour votre voiture, soit la location, l’énergie, la cotisation de solidarité CO2 et la TVA. Il ne tient pas compte de la taxe sur les dépenses rejetées car celle-ci n’est reprise que dans le calcul du TCO 2. 

Une voiture dont le prix d’achat ou le loyer mensuel est plus élevé qu’une autre pourrait paraître plus avantageuse dans la calcul du TCO 1, si elle consomme par exemple moins de carburant ou affiche une cotisation de solidarité plus faible en raison d’un CO2 moins élevé. Toutefois, même après le calcul du TCO 1, une voiture peut ne pas sembler la plus avantageuse ; elle ne le devient que lorsqu’il est également tenu compte des dépenses rejetées dans le calcul du TCO 2. Il est important de toujours effectuer le calcul en fonction de vos besoins, et donc d’utiliser les paramètres de votre entreprise. 

 

TCO 2: la méthode de calcul la plus utilisée 

Dans la pratique, la majorité des gestionnaires de flotte utilisent la méthode TCO 2. Celle-ci est plus complète que le calcul du TCO 1 car elle prend aussi en compte l’impôt sur les dépenses rejetées. C’est aussi le calcul qui est utilisé par les autorités par exemple pour calculer le montant disponible pour le budget de mobilité. 

Lorsqu’une voiture n’est pas totalement déductible fiscalement (ce qui est aujourd’hui le cas des voitures diesel, essence et plug-in hybrides), il existe des dépenses non admises qui seront imposées dans le cadre de l’impôt sur les sociétés ou de l’impôt sur le revenu des personnes physiques aux taux d’imposition respectifs. Pour toutes les voitures, il y aussi les dépenses rejetées sur l’avantage de toute nature. L’impôt sur ces dépenses non-admises n’est pas perçu immédiatement, mais seulement à la clôture de l’exercice précédent, lorsque le montant définitif de l’impôt est déterminé dans le compte de résultat. 

Si vous ne tenez pas compte des dépenses rejetées sur votre voiture, et donc uniquement des coûts mensuels que vous avez payés au cours de l’exercice comptable précédent, vous travaillez en TCO 1. Mais cela a-t-il un sens, quand on sait qu’une partie (parfois considérable) de ce que l’on a dépensé sera à nouveau imposée après la clôture de l’exercice ? Ce coût supplémentaire doit donc également être inclus dans le calcul d’un TCO complet, même s’il ne doit être payé que plus tard. 

Dans le TCO 2, la taxe sur les dépenses non admises sera donc ajoutée au calcul du TCO 1. Il s’agit de la taxe sur les dépenses non admises relatives aux frais de voiture, aux frais de carburant et à l’avantage de toute nature (dont 17 ou 40 % doivent être ajoutés aux dépenses non admises selon que l’utilisateur dispose ou non d’une carte de carburant). 

Lorsque vous incluez la taxe sur les dépenses rejetées dans le calcul du TCO 2, la voiture qui apparaissait la plus chère en raison de son prix d’achat ou de son tarif leasing et qui n’était pas compétitive en TCO 1 peut soudainement se révéler plus avantageuse. C’est particulièrement vrai pour les voitures électriques et hybrides rechargeables, qui sont handicapées par leur prix d’achat plus élevé, mais rattrapent leur retard dans le calcul du TCO grâce à leurs incitants fiscaux et à leur consommation plus faible. 

 

TCO 3: le TCO commercial 

Une méthode de calcul utilisée moins couramment est le TCO 3, soit le TCO après avantage fiscal. Celui-ci va encore une étape plus loin que le TCO puisqu’ici on ne tient pas seulement compte de l’impôt sur les dépenses rejetées – comme dans le TCO 2 -, mais aussi de l’avantage fiscal dont vous bénéficiez grâce à la déductibilité de (une partie de) vos frais de voiture. Vous ne payez pas seulement l’impôt supplémentaire dû sur la partie des dépenses non admises, mais vous bénéficiez également d’une économie d’impôt sur la partie des dépenses de voiture qui est déductible. Le TCO 3 est donc systématiquement inférieur au TCO 2 pour les voitures dont une partie des coûts est déductible des impôts. Pour cette raison, cette approche est souvent utilisée par les sociétés de leasing qui peuvent ainsi indiquer un TCO plus faible et est également appelée « TCO commercial ». 

Dans la pratique, cette méthode de calcul est moins courant que le TCO 2 classique après imposition sur les dépenses non admises. Toutefois, il est important que l’approche utilisée soit toujours clairement indiquée. 

 

Difficile sans outil 

Le calcul du TCO est possible sans outil spécialisé, mais demande une connaissance de la fiscalité et un outil Excel correctement préparé pour celui qui va s’y coller. Il est donc plus facile d’utiliser les outils professionnels de calcul du TCO disponibles sur le marché, qui sont en ligne et qui, sur base, par exemple, d’un prix de location à long terme (mais aussi sur la base des prix d’achat ou de location), effectuent un calcul complet du TCO 1, 2 et 3 en un clin d’œil et tiennent compte des dernières règles fiscales et des derniers tarifs des carburants car ils sont immédiatement mis à jour à chaque changement.  

Celui qui utilise un tel outil est certain de son calcul et dispose également d’une preuve indépendante du résultat. Cela donne confiance et permet également au gestionnaire de flotte de justifier plus facilement sa décision auprès de la direction et des conducteurs. 

 

Les différences entre les trois TCO 

En utilisant un exemple concret pour une voiture à essence et une voiture électrique, la différence entre les trois approches du TCO devient claire. Nous avons choisi les Mercedes GLA 180 et EQA 250, une version essence et électrique de la même voiture avec l’équipement Business Solution Luxury comprenant une peinture métallisée laquée. Le calcul a été effectué sur une période de 48 mois et un kilométrage de 25.000 km par an, sur base d’une offre de location à long terme d’Athlon Car Lease. Nous partons du principe que la voiture est utilisée par une entreprise assujettie à la TVA avec récupération de la TVA à 35 % et un taux d’imposition de 25 %, conduite par un employé et tenant compte de la consommation indiquée par le constructeur.  

Essence Electrique Différence
Mercedes Mercedes Essence
GLA  180 Business Solution Luxury EQA Business Solution Luxury vs électrique
Prix d’achat net HTVA € 32 390 € 41 129 (€ 8 739)
Puissance en kW 100 140
Taux de CO2 (NEDC/WLTP) 134/151g 0g
Déductibilité fiscale 56,35% 100%
Tarif leasing TVA non récupérable incluse € 670,92 € 751,14 -€ 80,22
Coût de consommation € 216,32 € 87,57
Cotisation CO2 € 49,37 € 28,17
TCO 1 € 936,61 € 866,87 € 69,74
Impôt sur les dépenses rejetées € 113,54 € 13,62
TCO 2 € 1 050,14 € 880,49 € 169,65
Economie d’impôts € 234,15 € 216,72
TCO 3 € 815,99 € 663,77 € 152,22

 

Ce calcul montre clairement qu’une différence initiale de 8.739 € à l’achat et de 80,22 € par mois de loyer, TVA non déductible comprise, en faveur de l’essence plaide déjà dans le TCO 1 en faveur de la variante électrique si l’on considère également la consommation et la cotisation CO2. Ici, l’EV affiche déjà un avantage de 69,74 €. Dans le TCO 2 (169,65 € moins cher) et le TCO 3 (152,22 € moins cher), l’avantage de la voiture électrique initialement plus chère devient s’accroît encore davantage. 

Dans cet exemple, il est déjà très clair qu’un calcul du TCO est nécessaire pour faire le bon choix. Le TCO est un guide qui aide le gestionnaire de flotte à prendre des décisions éclairées, adaptées à chaque utilisateur et à sa situation spécifique. 

Chaque utilisateur est différent et il est important de faire un calcul correct, par exemple en ce qui concerne la consommation de carburant estimée. En particulier pour les hybrides rechargeables, il est essentiel de ne pas simplement prendre en compte la consommation standard du fabricant, car la consommation réelle dépend entièrement du comportement en termes de  recharge et est souvent plus élevée que la consommation officielle. Si vous n’effectuez pas cet ajustement, un plug-in peut sembler plus favorable dans votre calcul, mais il peut finir par vous coûter beaucoup plus cher. Le message est donc d’adapter chaque calcul individuellement au conducteur. 

 

Notre recommandation 

Nous recommandons d’utiliser un prix en LLD (location longue durée) pour le calcul du TCO, car cela donne une image assez complète des coûts opérationnels. Après avoir fait le bon choix de marque et de modèle sur la base d’un tel TCO de leasing, vous pouvez décider d’opter ou non pour une autre méthode d’achat (achat, financement, leasing, location). Dans tous les cas, vous aurez alors fait le bon choix en termes de TCO, car vous vous serez basé sur une approche des coûts la plus complète possible. 

Afin d’effectuer la comparaison la plus correcte possible, il est conseillé d’utiliser l’approche TCO 2, qui tient compte des dépenses rejetées, et d’adapter le calcul de la consommation au profil du conducteur et aux éventuelles possibilités de recharge, afin d’éviter les mauvaises surprises. Un outil de calcul professionnel n’est absolument pas un luxe à cet égard, mais une nécessité pour pouvoir prendre la bonne décision de manière objective et en toute connaissance de cause. 

Dans tous les cas, des conseils judicieux et objectifs sont essentiels pour faire le bon choix. Les enjeux sont trop importants pour prendre une décision sur base d’informations incomplètes ou incorrectes. 

Damien Malvetti

Damien Malvetti, rédacteur de cet article

Damien Malvetti a une formation de journaliste et est passionné par les voitures, la technologie et la mobilité. Il est responsable du contenu éditorial de link2fleet et possède une connaissance approfondie du secteur des flottes et de la mobilité électrique.