Entrée en vigueur en 2019, le budget de mobilité, qui permet à un employé d’échanger sa voiture de société contre un budget à utiliser pour modeler sa propre mobilité, n’a pas connu un succès fulgurant dès son lancement. Il faut dire que la complexité de sa mise en place, couplée à la pandémie de Covid-19 qui s’en est suivie et a contraint tout le monde au télétravail n’ont pas aidé.
Mais la roue commence visiblement a tourné puisqu’entre 2022 et 2023, le nombre d’employés qui ont demandé à bénéficier d’un budget de mobilité a triplé, tandis que le nombre d’entreprises qui le proposent a presque doublé.
« Nous voyons les employeurs répondre à une demande croissante de flexibilité de la part de leurs employés et futurs employés. En termes de rémunération, de travail à domicile par rapport au travail au bureau, mais aussi en termes de mobilité, les employés veulent beaucoup plus choisir la façon dont ils se déplacent. La voiture n’est plus le premier choix, surtout pour les jeunes citadins », expose Eefje Dulsster, Manager Bonus et Rémunération flexible chez Attentia.
Simplification administrative
Malgré l’entrée en vigueur d’un arrêté royal début 2024 visant à simplifier la mise en œuvre et l’accès au budget de mobilité, les acteurs du secteur estiment qu’il peut encore y avoir des améliorations. « Actuellement, seuls ceux qui ont déjà droit à une voiture de société peuvent opter pour le budget mobilité, » intervient Thierry Devresse, Managing Director de MMBB (My Mobility Budget Butler). « De nombreuses entreprises considèrent cela comme injuste pour les employés qui n’ont pas ce droit. Pour eux, le choix se limite souvent à des abonnements aux transports publics ou à une indemnité de vélo. De nombreuses entreprises attendent donc que le budget mobilité soit étendu à tous les employés et ouvriers. Il permettra également une simplification administrative, car il peut remplacer tous les cadres juridiques existants et confus autour du trajet domicile-travail. Il suffit de penser à toutes sortes d’indemnités, au remboursement des transports publics, etc. qui sont actuellement éparpillés dans les commissions paritaires. »
« Pour opérer un véritable passage à la mobilité durable, il est nécessaire de rendre les alternatives à la voiture à énergie fossile aussi accessibles et attrayantes que possible. C’est exactement ce que fait le budget mobilité. Avec l’extension du budget mobilité fédéral, le gouvernement détient donc la clé du changement de comportement et de la durabilité, » ajoute Peter Van der Perre, Managing Director de ITS.be.
Une coalition pour faire changer les choses
15 partenaires, acteurs dans les secteurs mobilité et HR, ont donc décidé de se créer une coalition pour faire entendre leur voix. Ils souhaitent que le budget de mobilité soit donc désormais accessible à l’ensemble des travailleurs. Il s’agit notamment des entreprises citées ci-dessus, mais aussi entre-autres de la SNCB, d’Olympus Mobility, de Modalizy, Optimile, Mbrella ou encore Skipr, ainsi que d’acteurs du secteur automobile, comme la fédération Mobia ou Shell.
« Un choix pour le budget mobilité n’est pas un choix contre la voiture », assure Frank van Gool, Directeur Général de Mobia. « C’est un choix pour plus de flexibilité, où l’utilisateur choisit le moyen de transport le plus optimal pour un trajet spécifique. Parfois, il s’agit d’une voiture électrique, d’autres fois d’une voiture partagée ou d’un transport public ou d’un vélo. Les sociétés de leasing investissent également déjà beaucoup dans les solutions dites de mobilité en tant que service (MAAS). »
« Chez Shell Fleet Solutions, nous poussons déjà très fort pour électrifier la mobilité professionnelle de nos clients, mais il faut aller plus loin pour atteindre les objectifs climatiques », indique Nikki Elewaut, Product Manager. « La mobilité alternative a besoin de plus d’attention, mais elle doit aussi être facile à gérer. Depuis l’année dernière, nous proposons donc une plateforme pour gérer, entre autres, le budget fédéral de mobilité. »