Le 4 mars 2024 à 09h34
par Kevin Kersemans

Energie (verte) assurée ?

L’un des panels de discussion durant l’Automotive eMotion Summit portait sur l’approvisionnement en énergie à l’avenir, une question urgente alors que l’électrification du parc automobile de notre pays prend de l’ampleur. Les intervenants d’Elia, Fluvius et EnergyVille ont répondu à la question de savoir si notre réseau électrique sera en mesure de gérer la demande supplémentaire….

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Outre l’autonomie de conduite, le respect ou non de l’environnement et le coût, c’est l’un des arguments souvent cités par les opposants aux VE : « Si nous passons tous à l’électrique, le réseau électrique ne pourra pas le supporter et les pénuries d’électricité menaceront. » Mais est-ce vraiment la réalité ? A la fois oui et non. C’est en tout cas ce qui est ressorti de la table ronde sur le sujet avec trois experts, qui ont unanimement pris la défense de la voiture électrique. Le panel était composé de Frédéric Dunon, PDG du gestionnaire de réseau de transport Elia, Joris Soens, Energy & Climate Transition Manager chez le gestionnaire de réseau flamand Fluvius et le professeur Dr Johan Driesen du hotspot d’innovation pour l’énergie durable EnergyVille, KU Leuven.

Frédéric Dunon (Elia; à gauche sur la photo) et Joris Soens (Fluvius)

 

Investissements prévus

Le professeur Driesen et M. Soens ont commencé par dire qu’il ne fallait pas s’attendre à des problèmes dans les 10 à 15 prochaines années. Mais ils ont tous deux insisté sur le fait qu’au cours de cette période, des investissements importants seront nécessaires pour renforcer les réseaux et s’assurer qu’ils le restent. « D’autant plus que nous chaufferons aussi de plus en plus les bâtiments à l’électricité », a ajouté Joris Soens. « Fluvius prévoit donc un budget supplémentaire de 4 milliards d’euros réparti sur les 10 années à venir. Ce plan a déjà été approuvé par le régulateur, seul le financement doit encore être élaboré. »

Prof. dr. ir. Johan Driesen (EnergyVille – KU Leuven)

Le professeur Driesen a également souligné que l’on assiste à un glissement du désir de pouvoir recharger à la maison vers une demande de davantage de bornes de recharge publiques et de chargeurs rapides, partant du constat que tout le monde est loin de disposer d’une allée ou d’un garage où il est possible d’installer une wallbox. Cependant, lorsqu’il s’agit d’installer ces bornes de recharge publiques, il existe toujours une différence frappante entre les différentes régions de notre pays – lors d’une autre table ronde, sur le réseau de recharge en Wallonie, par exemple, il a été souligné que l’installation d’une borne de recharge publique dans le sud du pays est 3 fois plus chère qu’en Flandre, alors que le réseau y est également plus faible, en partie parce qu’il n’y a pas moins de 4 opérateurs de réseau en région wallonne.

 

La conduite électrique, vraiment écologique?

Et de quelle manière toute cette électricité nécessaire sera-t-elle produite ? Selon Frédéric Dunon d’Elia, quelque 23 % d’électricité verte en plus ont été produits en 2023 par rapport à l’année précédente, ce qui fait qu’environ 28 % du mix énergétique belge est respectueux de l’environnement. Et cette part devrait être multipliée par 2,4 dans les années à venir, pour atteindre 31 gigawatts début 2030. Il a également souligné que même si l’électricité destinée à alimenter les VE est produite de manière traditionnelle, les émissions de CO2 sont inférieures d’environ 30 % à celles des voitures à moteur à combustion, simplement en raison d’une plus grande efficacité. « Même avec de l’électricité produite à partir de charbon, les émissions de CO2 sont plus faibles », a ajouté le professeur Driesen.

Et en ce qui concerne l’utilisation des matériaux, les batteries modernes ne contiendraient pratiquement pas de matériaux toxiques, ont déclaré les participants au panel. « Et les VE durent également de plus en plus longtemps », ont-ils ajouté.

Joris Soens de Fluvius a tout de même ajouté que le prix de l’électricité augmentera avec la hausse de la demande. « Oui, mais l’énergie verte coûte moins cher », a déclaré Frédéric Dunon. « Le coût d’utilisation du réseau va donc augmenter, mais le prix de l’électricité lui-même devrait baisser. » En ce qui concerne le fameux tarif capacitaire, Joris Soens a déclaré qu’il reflète mieux le coût réel du réseau. « Il encourage les gens à être plus conscients des pics d’énergie, en les plafonnant et en réduisant les investissements nécessaires. » Le professeur Driesen a conclu en disant que le coût total de possession d’un véhicule électrique est déjà inférieur à celui d’un véhicule à essence ou diesel.

 

Conclusion

Selon les panélistes, l’inquiétude de beaucoup face à l’avenir tout électrique est injustifiée… à condition que les investissements nécessaires soient réalisés. Et c’est justement là, bien sûr, que le bât blesse, avec les nombreux niveaux politiques de notre pays. Après tout, la vitesse d’investissement n’est pas la même partout. L’avenir nous dira donc s’il ne faut pas craindre que les lumières s’éteignent…

 

Photos: © Triptyque

Kevin Kersemans

Kevin Kersemans, rédacteur de cet article

Kevin Kersemans est journaliste automobile avec plusieurs décennies d’expérience au compteur. Sa passion pour les voitures et tout ce qui fonctionne sur roues remonte à son enfance. Pour link2fleet, Kevin suit principalement l’actualité automobile et teste les dernières nouveautés.

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