link2fleet: Comment décririez-vous l’évolution de la mobilité professionnelle ces 10 dernières années?
Koen Van De Putte: “ La mobilité d’entreprise était très simpliste pour de nombreuses entreprises il y a 10 ans, mais pas très flexible pour un employé. Vous receviez une voiture de société ou un abonnement aux transports publics. Les déplacements professionnels étaient traités avec des notes de frais. Il n’y avait presque aucune mention d’un avantage pour les voyages privés, sauf qu’un abonnement aux transports publics pouvait aussi être utilisé à titre privé, bien sûr. Au fil des ans, un certain nombre de choses ont évolué : indemnité vélo, indemnité piéton, budget de mobilité légale, plan cafétéria, … Tous les éléments qui offrent un avantage supplémentaire à l’employé, mais qui nécessitent des politiques et une administration supplémentaires pour l’employeur. La mobilité, plus large que la voiture de société, est de plus en plus considérée comme un facteur de renforcement de la loyauté du personnel envers l’employeur. Regardez le budget de mobilité, le vélo en location et les autres éléments ci-dessus. Ils deviennent donc plus importants pour l’employeur en ces temps de pénurie de personnel. Grâce aux plateformes de mobilité et aux fournisseurs de MaaS, cette évolution est mieux soutenue et la charge de travail administrative réduite au minimum. La digitalisation se poursuit, également en ce qui concerne la mobilité des entreprises. Outre la digitalisation, la demande des employés a évolué vers plus de flexibilité et les entreprises veulent s’engager de plus en plus dans la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et les SDG (Sustainable Development Goals). L’engagement en faveur d’une mobilité flexible et durable est donc le plus grand développement. »
l2f: Comment imaginez-vous la mobilité à l’avenir, par exemple dans 20 ans?
K.V.D.P.: “La digitalisation de la mobilité d’entreprise va continuer à se développer et va continuer à se propager dans les entreprises. A côté de cela, la demande pour de la flexibilité et une mobilité durable ne va faire qu’augmenter. L’offre classique d’une voiture de société avec carte carburant ne suffit plus. Les nouvelles générations d’employés veulent pouvoir disposer d’un package salarial flexible : budget de mobilité, plan cafétéria, etc. La législation et l’optimisation fiscale vont évidemment devoir suivre. Cette dernière a déjà beaucoup évolué ces dernières années. Mais il y a encore une marge d’amélioration. Avec le télétravail structurel, l’abonnement classique aux transports en commun n’est plus non plus la formule optimale. Il est préférable pour les entreprises d’identifier les besoins de leurs employés par le biais d’une étude de mobilité, puis de compiler des profils spécifiques. Chacun de ces profils aura accès à certains services et avantages de mobilité en fonction de ses besoins et de l’offre disponible. Pour que la flexibilité et l’accès à la mobilité durable soient atteints, avec une vue d’ensemble claire pour l’employeur. »
l2f: Pensez-vous que le temps de la propriété de la voiture est révolu et qu’on va effectivement arriver à une société basée sur l’usage?
K.V.D.P.: “Je pense que ce ne sera jamais uniquement l’un ou l’autre. L’autopartage existe depuis déjà plusieurs années en Belgique et attire une communauté toujours plus large. Non seulement parce qu’il y a de plus en plus d’acteurs sur le marché, mais aussi parce qu’il y a un shift significatif de la propriété vers l’usage. Cambio, en tant que plus grand acteur belge, a pu présenter des chiffres de croissance significatifs depuis des années en termes de nombre de membres, de trajets,… La nouvelle génération qui est confrontée à l’utilisation au lieu de la possession pour beaucoup de choses (Spotify, Netflix,…) fera donc le passage au MaaS plus facilement que la génération d’il y a 50 ans. »
l2f: Le budget de mobilité dans sa forme actuelle est-il suffisamment incitatif pour pousser les collaborateurs à opter pour des solutions de mobilité alternative en lieu et de place de la voiture (de société) ?
K.V.D.P.: “Les modifications qui ont été apportées depuis le 1er janvier 2022 ont visiblement augmenté l’offre et l’attrait du budget de mobilité. Pas seulement du point de vue du travailleur, mais aussi de celui de l’employeur. Il est devenu plus simple d’intégrer le budget de mobilité. Et les avantages sont de toute façon très étendus pour l’employé qui peut optimiser considérablement son salaire net total s’il choisit d’utiliser le 2e pilier pour rembourser son prêt hypothécaire par exemple. Bien sûr, nous devons viser un budget de mobilité pour tous, ce qui figure également dans l’accord de coalition. Même si cela sera un exercice plus difficile, en tenant compte des partenaires sociaux. »
l2f: Quels efforts doivent encore être faits (au niveau politique, légal, sociétal, etc.) pour que la mobilité alternative soit un succès auprès de l’ensemble des travailleurs belges ?
K.V.D.P.: “D’abord, il faut un ‘budget de mobilité pour tous’, sans condition de départ pour l’employeur. Ensuite, il est nécessaire d’optimiser la fiscalité pour la mobilité alternative à usage privé dans le cadre d’un plan de cafétéria (cf. leasing de vélos). Enfin, il est nécessaire de créer un cadre fiscal clair pour la mobilité alternative liée aux déplacements domicile-travail. »