Le 11 janvier 2024 à 12h50
par Damien Malvetti

Plus de 4 automobilistes belges sur 10 boudent encore la voiture électrique

Alors que les automobilistes belges sont en perte de repères, ne savent plus à quelle motorisation se vouer, soupèsent la pertinence du passage à l’électrique, une enquête de BNP Paribas Fortis sur la mobilité durable révèle des points de vue contrastés. Si un automobiliste belge sur 6 a déjà adopté un véhicule électrique et en retire une grande satisfaction, les freins à la transition restent nombreux : infrastructure de recharge limitée, craintes concernant l’autonomie, coût élevé des voitures électriques, réticence à abandonner son véhicule thermique…

Entre 2002 et 2022, les dépenses liées au transport ont connu une augmentation remarquable, passant de 16,8 milliards d’euros à 25,6 milliards d’euros, soit une croissance de 50% à prix courants. La mobilité flirte désormais avec les 11% du budget total des ménages belges. Cette part considérable la place en compétition directe avec des piliers tels que le logement (30%) et l’alimentation (16%), soulignant ainsi l’importance croissante de la mobilité dans les priorités budgétaires des ménages. La moitié de la population active estime consacrer aux transports plus de 200 euros chaque mois. Mais il n’y a pas que dans le portefeuille des Belges que le transport pèse lourd.

 

Les véhicules thermiques font de la résistance
22% des émissions de CO2 sont en effet imputables au secteur des transports en Belgique. Ces émissions n’ont fait qu’augmenter depuis 1990 (+23%), à l’exception de la période 2020-2022.

Si la crise COVID a mis les émissions des transports sous cloche, la crise énergétique a semble-t-il eu un impact profond sur le comportement d’une partie de la population en matière de mobilité. Quatre Belges sur 10 avouent avoir changé leurs habitudes et 20% disent avoir limité leurs déplacements en voiture thermique. 36%  des répondants ont utilisé plus souvent des engins de mobilité douce ou se sont déplacés plus régulièrement à pied, tandis qu’un peu plus d’une personne sur sept déclare avoir utilisé plus souvent les transports en commun.

A contrario, 31% des propriétaires d’un véhicule thermique qui n’ont pas changé de comportement, n’envisagent pas de réduire l’usage de leur automobile ou d’utiliser d’autres moyens de transport au cours des 12 prochains mois.

Nicolas De Vijlder, responsable du Beyond Banking chez BNP Paribas Fortis : « Si nous voulons atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, le passage à la mobilité durable est non-négociable. Dès 2035, les ventes de voitures à motorisation thermique (diesel, essence, hybrides) seront d’ailleurs interdites dans toute l’Union européenne. Il ressort de notre enquête que 76% des ménages belges possèdent encore un véhicule thermique, tandis que 16% ont opté pour une solution durable (électrique, hybride ou hydrogène) contre 10% en 2022. Si c’est déjà un pas dans la bonne direction, on constate toutefois que de nombreux obstacles se dressent sur la route vers une mobilité écoresponsable. »

 

Les défis de la «range anxiety» et d’une transition accessible
Les chiffres révèlent en effet des perceptions contrastées de la mobilité durable. Alors que les mesures les plus coercitives, au moins en Europe, ne se profilent pas avant 2035, près de sept automobilistes sur 10 considèrent l’interdiction des voitures à moteur thermique comme une mauvaise décision. A leurs yeux, le calendrier de cette mise en œuvre est trop serré. 64% des Belges estiment même que le véhicule électrique n’est pas la solution d’avenir pour remplacer la voiture thermique.

Et si 37% des Belges souhaitent passer à une voiture électrique d’ici 2029, ils sont 42% à déclarer ne jamais vouloir faire ce choix. Une opposition qui semble croître puisque l’an dernier, ils n’étaient que 35% à manifester ce rejet. Un pourcentage à la hausse qui peut s’expliquer par le fait que la plupart des « early adopters » ont déjà fait le choix d’un véhicule électrique, alors que la plus grande partie des Belges doit encore être convaincue.

La « range anxiety » est un des grains de sable dans le moteur de l’électromobilité. Plus d’un automobiliste belge sur deux qui ne veut pas effectuer le passage à l’électrique évoque cette crainte de la « panne sèche électrique ». Si cette angoisse de l’autonomie est prégnante, le blocage est aussi économique : pour près d’une personne interrogée sur trois (30%), le prix d’un véhicule électrique est trop élevé. La plupart des véhicules électriques sont en effet particulièrement onéreux et massifs, semblant davantage configurés pour un public plus aisé ou à des fins professionnelles (indépendants, entreprises). La mise sur le marché de modèles électriques financièrement plus accessibles va devoir se généraliser afin d’accélérer la transition vers la mobilité durable.

 

Le défi social, une tâche qui incombe aux banques ?
Il ressort de cette enquête qu’un troisième frein vient gripper la mécanique vers le tout-électrique : le cadre réglementaire. Malgré l’intérêt croissant pour la mobilité durable, l’ignorance des Belges en termes de subventions ne cesse de croître (70% contre 59% en 2022). Face à ce brouillard, 2 Belges sur 3 souhaitent que les banques encouragent la mobilité durable, avec une offre spécifique. 31% attendent une réduction des primes pour des primes d’assurance réduites et 27%, des crédits compétitifs pour l’achat d’une véhicule électrique.

En définitive, les bénéfices environnementaux de la voiture électrique ne sont pas perçus comme suffisants pour compenser les inconvénients.

Laurent Loncke, responsable du Retail Banking chez BNP Paribas Fortis : « Si cette transition énergétique génère des opportunités économiques et écologiques indéniables, elle engendre aussi des risques sociaux pour celles et ceux qui n’ont pas les capacités financières, l’expertise ou les informations suffisantes pour y faire face. Pour réussir, la transition doit intégrer des éléments de justice sociale. Et le secteur bancaire a un rôle moteur à jouer. »

 

Un écosystème unique pour pallier un manque d’infrastructure
La perspective de la mobilité durable fait donc de nombreux sceptiques. Mais 85% de ceux qui ont franchi le pas de la transition vers un véhicule électrique sont satisfaits, voire très satisfaits de leur choix. Ils soulignent avant tout l’expérience de conduite (83%) et l’autonomie (62%) comme points de satisfaction. Cependant, l’infrastructure de recharge est un point d’amélioration crucial, avec seulement 38% d’adeptes satisfaits.

« Au sein de BNP Paribas Fortis, nous développons des solutions «Beyond Banking» avec plusieurs partenaires, parmi lesquels AG Insurance, AlphaCredit, Arval,  Optimile et Touring, poursuit Laurent Loncke. Au sein de cet écosystème unique en Belgique, nous veillons à accompagner notre clientèle dans sa transition vers une mobilité décarbonée. Cela va du développement de l’infrastructure de recharge électrique aux différentes possibilités de financer la transition vers la mobilité durable, en passant par des solutions de «mobility as a service», c’est-à-dire l’opportunité de combiner et payer facilement plusieurs modes de transport.»

 

A propos de l’enquête
L’enquête a été réalisée par le bureau d’étude Profacts entre le 10 et le 21 novembre 2023 auprès de 2.003 Belges âgés de plus de 18 ans, constituant un échantillon représentatif en termes de langue, de genre et d’âge. La marge d’erreur maximale dans cet échantillon est de 2%.

Damien Malvetti

Damien Malvetti, rédacteur de cet article

Damien Malvetti a une formation de journaliste et est passionné par les voitures, la technologie et la mobilité. Il est responsable du contenu éditorial de link2fleet et possède une connaissance approfondie du secteur des flottes et de la mobilité électrique.
Cet article parle de : Actus , Gestion de flotte , Location long-terme

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