Le 24 août 2023 à 14h19
par Damien Malvetti

Axial: Carrossier, aussi un métier de femme

Le secteur de la carrosserie a longtemps eu cette image d’un monde exclusivement masculin. Mais cette époque est révolue. Au sein du réseau Axial, près de 30% des 92 carrosseries indépendantes sont gérées soit exclusivement soit en partie par des femmes. Nous avons eu l’opportunité de partager un dîner avec cinq d’entre elles afin qu’elles nous exposent leur parcours, leur vision et la façon dont elles sont vues dans leur métier.

|Astrid Kervyn (Carrosserie De Backer – Schoten)
|Astrid Kervyn (Carrosserie De Backer – Schoten) © |Astrid Kervyn (Carrosserie De Backer – Schoten)

Nos cinq ‘leading ladies’ ont des parcours bien différents. Si Sharon Van Dyck et Hilde De Herdt ont toutes deux rejoints leur mari pour gérer respectivement la Carrosserie LCB de Lint et la Carrosserie Kontakt de Rumst, Conny Stuer a repris la Carrosserie Stuer à Elversele de ses parents avant d’être rejointe dans l’aventure par son mari. Inge De Schrijver a aussi repris la Carrosserie De Schrijver de ses parents en 2014 et Astrid Kervyn a racheté la Carrosserie De Backer quand son ancien patron a remis le commerce. Ces deux dernières gèrent seule leur entreprise.

« Quand j’ai repris l’affaire, j’ai bien senti une différence dans le comportement du personnel, avoue Astrid, mais ce n’était pas lié au fait que j’étais une femme, mais plutôt parce que je passais du statut de collègue à celui de patronne et que j’adaptais à ma façon la stratégie de l’entreprise. Certains ont eu un peu de mal à l’accepter parce qu’ils travaillent là depuis parfois plus de 30 ans »

Inge De Schrijver a vécu la même situation en reprenant la Carrosserie De Schrijver de ses parents en 2014. « Les employés m’avaient connue enfant et soudain, je devenais leur patronne, c’était une situation particulière. »

 

« Le patron ? C’est moi ! »

Il y a quelques années encore, certains clients pouvaient avoir des réactions cocasses en voyant une femme dans une carrosserie. « Il est arrivé qu’on me prenne pour la secrétaire », sourit Conny. Tandis que Sharon ajoute : Des clients se sont déjà présentés à moi en me demandant à voir le patron. Ils ont été étonnés quand je leur ai répondu que c’était moi. »

Heureusement, ce genre de situation ne se produit plus aujourd’hui.

Nos cinq leading ladies avouent même souvent préférer travailler avec des hommes. « D’ailleurs, je n’ai jamais travaillé qu’avec des hommes », précise Inge De Schrijver. Et Hilde De Herdt d’ajouter : « je travaille plus volontiers avec des hommes qu’avec des femmes. Je trouve cela plus facile, d’autant que nous avons de bons contacts. Je ne vois personnellement aucune différence dans le comportement de mes équipes si c’est moi qui leur demande quelque chose ou si la demande vient de mon mari. »

Et pour Conny, être une femme dans un monde d’homme a aussi ses avantages : « S’il faut communiquer quelque chose aux équipes, j’ai souvent davantage de tact que mon mari. »

« On n’a pas la même approche qu’un homme et dans certains cas, cela peut aider le client, renchérit Astrid. Par exemple, lorsqu’un client se présente après un accident, je discute avec lui autour d’un café, je le rassure, j’essaie de comprendre comment l’accident est intervenu. En général, les femmes ont davantage d’empathie. »

« Une femme sait effectivement mieux écouter et a, en général, plus de patience qu’un homme », confirme Hilde. Et cela peut parfois être bénéfique pour le client. Il n’est d’ailleurs pas rare que nos leading ladies reçoivent un bouquet de fleurs ou une bouteille pour les remercier pour leur oreille attentive.

Investissement personnel

Evidemment, gérer une carrosserie au quotidien n’est pas de tout repos. « C’est un travail qui demande beaucoup de temps et d’énergie et c’est parfois compliqué à mener de front avec notre vie de famille, surtout quand on a de jeunes enfants, reconnaît Sharon. Je travaille bien plus qu’un temps plein et il m’arrive de n’avoir pas le temps de faire des courses. A midi, je fais une pause, mais je prends le téléphone avec et je réponds s’il sonne ».

« Je ne prends pas le temps d’arrêter pour manger à midi », reconnaît Astrid, alors qu’Inge assure que la pause de midi est importante, « je la prends toujours et sans téléphone ». « On ne peut pas faire toutes les tâches ménagères nous-mêmes par manque de temps », reconnaît Hilde, tandis que Conny essaie de trouver le temps de faire un maximum par elle-même.

Bref, le métier de carrossier demande beaucoup d’investissement personnel. Mais nos 5 leading ladies le disent en chœur : « elles le font avec plaisir et ne changeraient de métier pour rien au monde ». Un message rempli de positivisme alors que toutes rencontrent des difficultés à trouver du personnel qualifié et motivé et que leurs enfants respectifs ne semblent pas intéressés de reprendre l’affaire familiale, excepté Jonas et Lieselot, les enfants de Hilde De Herdt. Voilà peut-être l’occasion rêvée de lancer un appel aux femmes qui souhaiteraient intégrer ce secteur mais n’ont jamais osé !

Car, comme le conclut très bien Philippe Bovijn, Directeur General d’Axial, « peu importe qu’on soit une femme ou un homme, si on a les compétences nécessaires, on a tout à fait sa place dans notre secteur. Heureusement, aujourd’hui, une femme ne doit plus prouver doublement ses compétences pour être respectée dans le monde de la carrosserie, comme dans beaucoup d’autres domaines d’ailleurs.  »

Damien Malvetti

Damien Malvetti, rédacteur de cet article

Damien Malvetti a une formation de journaliste et est passionné par les voitures, la technologie et la mobilité. Il est responsable du contenu éditorial de link2fleet et possède une connaissance approfondie du secteur des flottes et de la mobilité électrique.
Cet article parle de : Véhicules , Reconditionnement / Carrosserie

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