Le 21 novembre 2022 à 14h35
par Jeroen Evens

Stefaan De Ganck (TotalEnergies): « pour réussir la transition énergétique, chacun va devoir faire des efforts et s’adapter »

A l’occasion de la 250e édition de notre magazine link2fleet, nous avons décidé de donner la parole à quelques grands acteurs du secteur afin de connaître leur vision sur l’évolution de la voiture de société, de l’électrification, de la fiscalité, de la mobilité, bref, de tout ce qui touche aux secteurs fleet et mobilité en Belgique. En tant qu’acteur incontournable dans la fourniture de carburants et de cartes carburants aux flottes jusqu’il y a encore quelques années, TotalEnergies a totalement modifié sa stratégie pour s’adapter aux défis de la transition énergétique. Stefaan De Ganck, Director Mobility & New Energies nous donne sa vision.

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link2fleet: L’Europe a annoncé pour 2035 l’interdiction de vendre des véhicules particuliers neufs équipés de moteurs thermiques. Quel impact cette décision va-t-elle avoir sur votre business ?

Stefaan De Ganck: “Cette interdiction cadre avec l’accord sur le Green Deal européen et le programme Fit for 55. L’ambition  » Net Zero  » de TotalEnergies est cohérente avec ces objectifs européens. Cette décision renforce notre conviction de préparer et d’adapter nos stations-service à cette évolution. Davantage de stations de recharge seront installées et des services supplémentaires seront proposés en plus de ceux que nous offrons déjà aujourd’hui dans nos enseignes. Et cette infrastructure de recharge ne sera pas seulement installée dans les stations. Il y aura aussi de plus en plus d’options de recharge sur la route, au travail et à la maison. Ce processus est en cours depuis un certain temps et il s’accélère. »

l2f : Comment évaluez-vous cette mesure de l’Europe ?

S.D.G.: “L’Europe a fixé des objectifs clairs pour 2050 et pour les atteindre, chacun va devoir faire des efforts et s’adapter. L’usage d’énergies et de carburants alternatifs en fait partie intégrante. La transition énergétique ne va pas se faire toute seule. Les gens doivent être sensibilisés, et un cadre juridique européen et national doit également soutenir l’élan et donner des certitudes. »

l2f : Vous l’avez dit : TotalEnergies investit aussi depuis plusieurs années dans les infrastructures de recharge pour véhicules électriques. Quelle est votre stratégie en la matière ?

S.G.D.: “Nous sommes un acteur intégré qui soutient ses clients dans la transition énergétique de la mobilité. En ce qui concerne les solutions de recharge, nous opérons sur l’ensemble de la chaîne de valeur du processus, qui va de la production d’électricité verte à la fourniture d’un accès à plus de 300 000 points de recharge en Europe. TotalEnergies installe et gère les infrastructures de recharge : 1. dans les entreprises mais aussi 2. chez leurs employés, 3. le long de la route sur le domaine public et 4. dans nos stations-service. L’ancienne carte carburant est maintenant devenue une carte multi-énergie offrant un accès aux infrastructures de recharge dans toute l’Europe. De cette façon, nous offrons à nos clients un one-stop-shopping dans le cadre du parcours client spécifique de chaque e-conducteur. »

l2f : Actuellement, il est parfois compliqué de recharger son véhicule sur une borne en raison de l’incompatibilité de certaines cartes de recharge. Ce problème sera-t-il solutionné à l’avenir ?

S.De Ganck: “On se trouve clairement dans un business en pleine évolution. Cela signifie que certains choix vont encore évoluer avec le temps. Je ne peux évidemment parler qu’au nom de TotalEnergies et nous optons résolument pour la meilleure « customer experience » car c’est ce qui nous donne la plus grande chance de réussir à long terme. La carte multi-énergie de TotalEnergies est non seulement acceptée sur toutes les bornes de recharge publiques et semi-publiques exploitées par sa propre plateforme TotalEnergies (exemple des concessions à Bruxelles, Anvers et Gand) mais elle est également acceptée sur plus de 95% de toutes les bornes de recharge publiques et semi-publiques en Belgique. »

l2f: Comment envisagez-vous l’avenir des pétroliers à long-terme ?

S.D.G.: “Cela fait déjà longtemps que nous ne nous considérons plus comme un fournisseur de carburant, mais bien comme un fournisseur d’énergie. La transition énergétique a commencé il y a déjà quelques années et nous avons fortement élargi notre portfolio de produits ces derniers temps. Nos projections concernant la demande en énergie prévoit encore toujours une petite part pour des produits pétroliers en 2050. (50% d’électricité verte, 25% de molécules décarbonées (entre autre E-fuels et biocarburants) et 25% d’hydrocarbures (principalement du gaz). Les émissions de ces derniers devront être compensées afin d’atteindre nos ambitions Net Zero Emission. Les projections de l’IEA (International Energy Agency) prévoient également encore une demande pour des produits pétroliers en 2050. »

l2f : Le 100% électrique dans le fleet en 2026, vous y croyez ?

S.D.G.: “ D’une part, la fiscalité a fait en sorte que chaque entreprise ait tout intérêt à le faire. D’autre part, tout le monde a maintenant entendu les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine sur la disponibilité de certaines pièces et la chaîne logistique mondiale. Les marques automobiles nous disent que le carnet de commandes est bien rempli mais que les livraisons ont subi des retards et que les délais de livraison augmentent fortement. Les effets de ces retards actuels devraient se faire sentir quelque peu en 2023 mais n’auraient que peu d’impact sur l’électrification de la flotte à long terme. Cependant, il faudra attendre bien après 2030 pour que la quasi-totalité de la flotte soit passée aux VE. Nous partons d’une estimation de 3 millions de VE en 2030 sur une flotte d’environ 7 millions de véhicules en Belgique. »

Jeroen Evens

Jeroen Evens, rédacteur de cet article

Jeroen Evens a suivi une formation en communication (KULeuven) et suit avec enthousiasme tout ce qui touche à la mobilité et aux véhicules de société. En tant que journaliste indépendant spécialisé dans le secteur fleet, il suit depuis trois ans les dernières évolutions de notre secteur.

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