Advertisement
Le 24 novembre 2022 à 08h10
par Jeroen Evens

Vicky De Bollen (Sweco): « Le bureau évolue d’espace de travail à ‘espace de rencontre pour travailler ensemble »

A l’occasion de la 250e édition de notre magazine link2fleet, nous avons décidé de donner la parole à quelques grands acteurs du secteur afin de connaître leur vision sur l’évolution de la voiture de société, de l’électrification, de la fiscalité, de la mobilité, bref, de tout ce qui touche aux secteurs fleet et mobilité en Belgique. Gestionnaire de la flotte de Sweco, Vicky De Bollen a aussi remporté le fleet-owner of the year award en 2019, notamment pour sa stratégie très proactive en matière d’électrification.

link2fleet: Toutes les voitures de société seront-elles électriques en 2026?

Vicky De Bollen: “Sweco a déjà commencé la transition énergétique de sa flotte en 2018, en partant d’un principe de durabilité. Dans ce contexte, il était très important pour Sweco de transférer le focus de la ‘voiture de société’ vers la ‘mobilité’. Etant donné ce lancement précoce, notre flotte sera en principe entièrement électrique d’ici à 2025. Le seul facteur qui pourrait modifier notre timing, c’est les délais de livraison actuel des voitures. »

 

l2f: quel avenir pour les carburants (actuels et futurs)?

V.D.B.: “ Nous considérons la voiture électrique comme la meilleure solution pour la société, non seulement comme moyen de transport, mais aussi comme une extension de notre réseau électrique, où la voiture électrique, en plus d’être un moyen de transport et un utilisateur d’énergie, peut être utilisée comme une capacité de stockage (tampon d’énergie électrique) aux moments où la production d’énergie (verte) dépasse la consommation. L’énergie électrique stockée peut ensuite être utilisée pendant les périodes favorables (lorsqu’il n’y a pas de soleil ou lorsque les prix de l’énergie sont élevés). Ce que l’on appelle Vehicle to Building of Site to Vehicle to Grid (V2G). Avec une telle technologie, nous augmentons la concurrence (utilisation directe de l’électricité verte produite localement). C’est un projet que nous testons dans notre propre bureau à Zelzate. Pour les molécules dites vertes (hydrogène ou dérivés comme le méthanol), nous voyons des applications principalement pour le transport lourd ou la navigation et l’aviation. Chez Sweco, nous sommes étroitement impliqués dans les premiers projets d’hydrogène en Belgique et en Europe. Nous surveillons donc de près le marché. Nous suivrons donc aussi l’évolution des voitures à hydrogène. Mais nous les voyons plutôt comme un produit de niche, surtout pour les voitures faites pour parcourir de longues distances. Les défis que nous voyons sont la rareté des matériaux (et cela peut avoir un impact sur la production de cette manière) et la construction de l’infrastructure nécessaire pour recharger les voitures. »

 

l2f: La voiture de société a-t-elle encore un avenir dans une société où le télétravail augmente ? Comment son rôle va-t-il évoluer ?

V.D.B.: “Tant que la voiture bénéficiera d’un traitement fiscal favorable, la voiture de société restera un élément important du package salarial. Bien que le télétravail va rester, on voit quand même que les travailleurs retournent au bureau, tandis que le bureau, lui, évolue plutôt en de la fonction ‘d’espace de travail’ à celle ‘d’espace de rencontre pour travailler ensemble’. Comme indiqué précédemment, les voitures électriques serviront aussi de plus en plus de capacité de stockage d’énergie externe. Une flotte remplie de voitures électriques fournit donc à une entreprise une énorme capacité de stockage (ou centrale électrique). »

 

l2f: Comment voyez-vous évoluer la mobilité professionnelle à l’avenir ?

V.D.B.: “Elle va être beaucoup plus diversifiée et variée, en fonction du secteur et de l’employeur. Chez Sweco, nous sommes déjà passés en 2018 d’une car-policy vers une mobility-policy qui est très large, et basée sur la flexibilité et la durabilité. Ce faisant, nous appliquons le principe triangulaire :

 

Le déplacement le plus durable est celui qu’on effectue pas. Pensez au télétravail, aux teams-meeting, etc. En outre, on utilise aussi les déplacements durables communs : Installer les bureaux dans des centres de mobilité, en offrant un choix flexible du meilleur moyen de transport pour chaque déplacement, en permettant une combinaison de différents modes de transport (vélo (partagé), train, bus, métro, voiture partagée, waterbus, ….). Enfin, nous nous concentrons également sur les déplacements durables en voiture. Nous entendons par là un transfert vers une voiture électrique à la date d’expiration d’un contrat de location, et pas de prolongation mais en principe pas non plus de raccourcissement des contrats de location actuels. Depuis le quatrième trimestre de 2019, nos employés peuvent uniquement commander des voitures électriques. »

 

l2f: Comment imaginez-vous l’évolution de la fiscalité des voitures de société et du budget de mobilité ?

V.D.B.: “La fiscalité ne va pas devenir plus simple. Aujourd’hui, la question se pose déjà du traitement fiscal de l’éventuel « modèle de gain » pour les employés puisque le coût de la charge à domicile est inférieur au taux auquel ils sont rémunérés par leur employeur. Cette question ne fera que se compliquer lorsque le « vehicle-to-grid » sera introduit dans les entreprises : comment gérer l’avantage pour l’employeur s’il utilise l’énergie stockée au travail à des fins privées le soir ou le week-end ? Ou inversement, comment l’employé doit-il être indemnisé lorsque l’employeur commence à utiliser l’énergie stockée dans la batterie du véhicule électrique privé de l’employé ? »

 

l2f: La voiture autonome, mythe ou réalité ? Que pourrait-elle modifier dans notre monde d’aujourd’hui ? Un monde sans accident ? Les gens sont-ils prêts à se laisser conduire par leur voiture et ainsi à avoir davantage de temps pour d’autres activités ?

V.D.B.: “Nous y croyons effectivement, et la voyons comme une étape importante vers des déplacements plus sûrs. Aujourd’hui, ce sont des thèmes que nous incluons déjà dans diverses études. Par exemple, nous guidons les villes et les communes sur la voie d’une ville sans carburants fossiles. La mobilité est au cœur de ces questions. Dans le même temps, elle offre des possibilités supplémentaires de déplacer les parkings vers des zones concentrées, que ce soit en dehors de la ville ou non, ce qui améliore grandement la qualité de vie en ville. Par exemple, la question de savoir comment évoluer vers une ville sans carburants fossiles abordera certainement la question de la mobilité et de ce à quoi elle devrait ressembler. Dans ces études, la conduite autonome est aussi toujours abordée et étudiée. »

Jeroen Evens

Jeroen Evens, rédacteur de cet article

Jeroen Evens a suivi une formation en communication (KULeuven) et suit avec enthousiasme tout ce qui touche à la mobilité et aux véhicules de société. En tant que journaliste indépendant spécialisé dans le secteur fleet, il suit depuis trois ans les dernières évolutions de notre secteur.

Articles similaires