Le 15 février 2022 à 08h15
par Damien Malvetti

Evolution des besoins de mobilité : quel avenir pour les sociétés de leasing ?

Mise en place du budget de mobilité, modification des habitudes de déplacement suite au COVID-19, mais aussi prise de conscience de notre impact sur l’environnement. Ces derniers mois, le concept de la voiture individuelle est de plus en plus remis en cause. D’autant plus celui de la voiture de société et de sa fiscalité souvent jugée très – pour ne pas dire « trop » – avantageuse. Mais pas de quoi faire trembler le secteur du leasing pour la cause. Les loueurs ont anticipé ces évolutions et imaginé leur futur business-model. Entretiens avec Stefan Delaet (KBC Autolease) Miel Horsten (ALD Automotive) et Frank Van Gool (Renta).

||||||||||||||
|||||||||||||| © Maas
Stefan Delaet (KBC Autolease)

Cette évolution n’est évidemment pas liée qu’au monde du leasing, mais suit l’évolution globale de la société, comme le met en évidence Stefan Delaet, CEO de KBC Autolease. « Le besoin de flexibilité des usagers et la forte pénétration des modèles d’abonnement (via Netflix et autres) déclenchent d’autres besoins. En soi, cela joue parfaitement en faveur des sociétés de leasing. Alors que le client d’aujourd’hui utilise principalement un moyen de transport spécifique (généralement une voiture privée), il pourra bientôt choisir parmi une gamme de solutions de transport en fonction de ses besoins. Et les sociétés de leasing pourront offrir cette multi-mobilité ‘as a service’. L’organisation de cette flexibilité et de ce service sans souci nécessite évidemment une approche adaptée et une numérisation ainsi qu’une gestion des données très avancées. »

« Il est certain que les besoins en matière de mobilité sont en pleine évolution », ajoute Frank Van Gool, Directeur de Renta. « Durant de nombreuses années, le focus des sociétés de leasing a été mis sur la voiture en elle-même. Aujourd’hui, l’intérêt pour la voiture commence à diminuer alors que celui pour des formules d’abonnement commence à gagner du terrain. Heureusement, les sociétés de leasing ont déjà commencé à s’organiser, notamment au regard des évolutions récentes de fiscalité. »

Miel Horsten, Group Regional Director d’ALD Automotive, indique de son côté que cette évolution est surtout poussée par les nouvelles générations. « Le besoin pour une mobilité alternative n’est pas vraiment nouveau. Il y a quelques années déjà, on sentait chez nos nouveaux collaborateurs un intérêt grandissant pour les solutions de mobilité alternative. Mais le secteur a mis du temps à l’accepter et à mettre en place les outils nécessaire et faire le switch. Cela fait pourtant 10 ans qu’on parlait du budget de mobilité, d’une offre de solutions alternatives. Mais rien ne bougeait vraiment. Et puis, il y a d’abord eu l’introduction du cadre légal pour le budget de mobilité par la gouvernement qui a donné un premier signe positif dans ce sens. Et ensuite, le COVID-19, qui lui, a vraiment donné un coup de boost à cette évolution ».

 

La fin de la voiture de société ?

Est-ce-à dire que la voiture de société arrive au bout de sa carrière ? Certainement pas, selon nos intervenants. Mais son concept va être amené à évoluer. « La voiture de société reste un avantage intéressant pour les employés en Belgique. Et les ambitions du gouvernement et des employeurs en matière d’émissions zéro lui ont donné un élan supplémentaire. Rendre la mobilité plus durable est principalement le fait des flottes d’entreprises. Dans ce contexte, il convient de noter que la bicyclette est également devenue un élément important de la mobilité des employés et présente certainement un potentiel de croissance ‘sain’ « , indique Stefan Delaet (KBC Autolease).

Frank Van Gool (Renta)

« Actuellement, la voiture de société reste encore très importante pour notre business. Mais on se rend bien compte qu’il devient de plus en plus difficile de défendre encore des avantages fiscaux comme celui-là sur le long-terme », avoue Frank Van Gool (Renta), avant d’ajouter que les loueurs vont devoir aussi se tourner vers le marché du particulier. « Cela commence à se ressentir. Plusieurs sociétés de leasing ont déjà mis en place des stratégies pour pouvoir mieux répondre à l’avenir aux besoins des clients particuliers avec de nouveaux concepts et en combinaison avec d’autres moyens de transports comme le vélo. Celui-ci a déjà pris une place importante dans notre secteur puisque 60.000 vélos en leasing circulent à l’heure actuelle. On ne peut plus parler d’un ‘petit marché’. »

« Il y a aussi des activités périphériques qui prennent de l’importance : par exemple, avec l’électrification du parc automobile, l’installation d’infrastructures de recharge et l’approvisionnement en énergie entrent également en ligne de compte. La disponibilité des données collectées par le véhicule permettra également d’offrir des services plus personnalisés à l’utilisateur. Et comme les employés sont aussi des consommateurs en fin de compte, il sera certainement nécessaire, avec la hausse des prix (de l’énergie), que les particuliers profitent aussi de l’aide que les sociétés de leasing peuvent offrir, renchérit Stefan Delaet (KBC Autolease).

 

« Une opportunité de croissance pour le secteur »

Miel Horsten (ALD Automotive)

A l’avenir, le terme ‘société de leasing’ risque donc bien de disparaitre. « Demain, on ne parlera clairement plus de société de leasing pour désigner notre business, mais bien de fournisseurs de mobilité », confirme Miel Horsten (ALD Automotive). « Le secteur a été un peu réticent à mettre en place ce changement, mais aujourd’hui, il se rend compte qu’il est primordial de prendre le train en marche. »

« Dans certains cas – en raison de la forte électrification du parc – les loueurs pourraient faire office de fournisseurs d’énergie. Pour la mobilité d’entreprise, le budget mobilité peut jouer un rôle de stimulant dans cette évolution. Certaines sociétés de leasing effectueront cette transition en concluant des partenariats avec d’autres acteurs du marché et en assumant activement le rôle de directeur, d’autres feront partie de grands groupes de mobilité et assumeront un rôle de facilitateur. Nous pensons que cet élargissement des activités constitue une réelle opportunité de croissance pour notre secteur », termine Stefan Delaet (KBC Autolease).

Damien Malvetti

Damien Malvetti, rédacteur de cet article

Damien Malvetti a une formation de journaliste et est passionné par les voitures, la technologie et la mobilité. Il est responsable du contenu éditorial de link2fleet et possède une connaissance approfondie du secteur des flottes et de la mobilité électrique.
Cet article parle de : Gestion de flotte , Location long-terme

Articles similaires