Le 24 novembre 2022 à 08h24
par Jeroen Evens

Kurt Beckers (KBC Autolease) : « La mobilité n’est pas un choix entre différentes solutions, mais plutôt une complémentarité entre ces solutions »

A l’occasion de la 250e édition de notre magazine link2fleet, nous avons décidé de donner la parole à quelques grands acteurs du secteur afin de connaître leur vision sur l’évolution de la voiture de société, de l’électrification, de la fiscalité, de la mobilité, bref, de tout ce qui touche aux secteurs fleet et mobilité en Belgique. Arrivé en fonction chez KBC Autolease il y a à peine un an, Kurt Beckers (Sales Director) a toutefois déjà pu se rendre compte à quelle vitesse le marché fleet/mobilité évolue en Belgique. Sans langue de bois, il nous a partagé sa vision concernant l’avenir.

link2fleet: L’électrification et l’évolution des besoins de mobilité ont-ils déjà eu un impact majeur sur la stratégie de KBC Autolease à ce stade ?

Kurt Beckers: “KBC Autolease se concentre déjà depuis un certain temps sur 3 piliers : notre ‘Green Deal’ via lequel nous avons décidé de résolument opter pour l’électrification pour notre flotte, le vélo et la mobilité flexible. KBC nous a également fortement soutenus dans cette démarche en sautant l’étape du PHEV et en passant directement au full EV. En fait, nous remarquons que de plus en plus de clients suivent le mouvement. Aujourd’hui, plus de 70 % des véhicules que nous mettons sur la route sont déjà électriques ou à assistance électrique. En outre, le vélo est également un élément essentiel de notre proposition de mobilité depuis des années, où le vélo électrique et le speed pedelec permettent une plus grande accessibilité. Et le troisième pilier de la mobilité pour nous concerne la mobilité flexible. Bien sûr, l’électrification a apporté les défis nécessaires, notamment un changement de mentalité chez les conducteurs, mais l’approche de l’infrastructure provoque également certains changements. Cependant, l’évolution du paysage fiscal encourage aussi de plus en plus les entreprises dans cette direction. Compte tenu de tous ces éléments, la mobilité est de plus en plus devenue une tâche pour des spécialistes. Par conséquent, les entreprises font appel à notre expertise et veulent être déchargées. C’est pourquoi nous continuons à nous concentrer sur la numérisation et les partenariats avec des prestataires spécifiques. Cependant, la « touche humaine » reste toujours présente. »

 

l2f: En gardant cette évolution à l’esprit, quels sont les plus grands défis à venir pour le secteur du leasin ?

Kurt Beckers: “A court-terme: la stabilité. Nous venons d’une période où l’industrie automobile a été confrontée (et dans une certaine mesure l’est encore) à de sérieux défis tels que des retards importants dans les délais de livraison et des options qui ne pouvaient pas être montées, ce qui a entraîné une énorme quantité d’adaptations pour nous sur le plan opérationnel. En outre, l’impact économique à court terme a considérablement changé avec des niveaux d’inflation jamais vus depuis les années 1980, des taux d’intérêt en forte hausse et des prix de l’énergie élevés. Nous essayons de répondre de manière proactive à ces deux éléments, ce qui nous permet de continuer à offrir une proposition stable à nos clients. Cette stabilité des prix est un facteur important pour nous. À moyen terme : l’offre changeante de la mobilité. Beaucoup de choses dépendent évidemment de la durée de la crise économique actuelle, mais le passage à l’électrification se fait à un rythme rapide et cela nécessite que l’infrastructure suive. Les villes vont aussi avoir besoin de plus de solutions de recharge. Cela implique un changement de comportement sur la façon dont nous nous déplacerons. De plus, l’évolution numérique ne s’arrête pas non plus et nous évoluons en même temps que KBC. »

 

l2f: Comment l’évolution de la fiscalité affectera-t-elle votre politique dans les années à venir ?

Kurt Beckers: “Nous allons continuer à soutenir nos clients dans cette transition comme nous l’avons toujours fait, ensemble avec des partenaires avec lesquels nous entretenons une bonne collaboration. La fiscalité soutient actuellement notre focus sur le verdissement et la durabilité. Cette durabilité va aussi avoir petit à petit un impact toujours plus important sur la vie d’entreprise et sur la façon dont nous, faisant partie de KBC, allons être vus par nos clients comme ‘mobility provider of choice’. En parallèle, l’arrivée du budget (légal) de mobilité est un facteur supplémentaire que nous souhaitons également engager dans le dialogue avec nos clients dans un avenir proche, ce qui augmente l’importance de notre rôle de conseil. »

 

l2f: A l’avenir, allez-vous encore davantage mettre davantage l’accent sur des formes de mobilité alternatives, comme par exemple le leasing de vélos ?

Kurt Beckers: “Nous avons lancé le leasing de vélos en 2016 et, j’ose le dire, nous avons réussi à nous positionner en tant que référence dans le secteur. Nous allons continuer à investir dans ce créneau à l’avenir, le vélo étant un élément très important de notre offre. Il offre une alternative de mobilité aux collaborateurs de nos clients, soutient le verdissement et maintient en plus en forme. A partir du deuxième trimestre 2023, nous allons aussi investir davantage dans la budget de mobilité et l’offre de mobilité flexible via notre partenariat avec Olympus. A nos yeux, la mobilité n’est pas une histoire de choix entre différentes solutions, mais plutôt de complémentarité entre ces solutions, où nous espérons abaisser les barrières en proposant différentes facettes de la chaîne de mobilité avec pour motivation principale, le moyen écologique optimal de se déplacer rapidement et en toute sécurité. »

 

l2f: La Belgique est connue comme un pays où la voiture de société est reine. Comment voyez-vous l’évolution du secteur au cours des 20 prochaines années et comment cela affectera-t-il votre approche ?

Kurt Beckers: “La voiture de fonction est en effet historiquement très appréciée et constitue aujourd’hui encore un élément important du package salarial dans la guerre des talents. Nous voyons encore aujourd’hui que c’est un produit avec de nombreuses couches, de la passion à l’utilisation pratique, le sentiment de liberté par rapport aux embouteillages. Cependant, nous constatons que la jeune génération a une attitude légèrement différente à cet égard, et souhaite une plus grande variété dans sa mobilité, et ne considère donc pas nécessairement la voiture de société comme son premier choix comme moyen de transport non plus.  En outre, l’évolution de l’électrification jouera également un rôle important pour la durée de vie de la future flotte et son remarketing. Nous considérons cela avec prudence aujourd’hui car nous prévoyons toujours de forts changements dans l’offre de VE à court terme. Grâce à l’élargissement de son offre de mobilité, KBC Autolease entend continuer à jouer un rôle pertinent, avec son expertise et une approche personnalisée pour nos clients avec lesquels nous entretenons une relation étroite. »

 

l2f: Comment décririez-vous l’évolution du secteur fleet ces 20 dernières années?

Kurt Beckers: “Je n’y suis actif que depuis un an, je dois donc m’abstenir quelque peu, bien que je doive noter que si l’année écoulée est une indication de ce qu’ont été les 20 dernières années, ce fut un parcours assez fougueux. Nous constatons une consolidation mais aussi un élargissement avec certains acteurs à forte croissance. Dans tous les cas, le marché reste très compétitif et avec le passage de l’ICE à l’EV, cela ne semble qu’avoir augmenté. L’évolution numérique a aussi déjà apporté des changements majeurs, mais il me semble qu’il y a certainement encore beaucoup de place pour l’évolution. Espérons que la stabilité reviendra à court terme, à moins que l’escalade politique et économique ne se poursuive. À moyen terme, un certain nombre d’évolutions technologiques, telles que la conduite autonome, pourraient avoir un impact important sur notre comportement de conduite et la mobilité associée. En ce qui concerne la production également, l’accent sera mis principalement sur les EV’s. »

 

l2f: Qui roulera encore avec une voiture de société à l’avenir?

Kurt Beckers: “ Le système fiscal actuel a déjà tracé un chemin par lequel il y a une incitation à remplacer les moteurs à combustion interne par des EV, de sorte qu’en 2028, nous serons quasiment dans la même situation fiscale pour les EV que nous le sommes aujourd’hui avec les moteurs à combustion interne. De plus, le coût des EV pourrait finalement être démocratisé, de sorte que l’évolution de la fiscalité les maintiendra toujours dans les budgets. Cependant, le budget mobilité mettra davantage le choix entre les mains du conducteur qui choisira comment l’utiliser. Peut-être que cela sera une solution de mobilité à la fois. Pour les trajets domicile-travail, la voiture et/ou le vélo resteront une solution importante pour de nombreux conducteurs vivant en dehors des villes jusqu’à nouvel ordre, et peut-être que la conduite autonome donnera une autre tournure à notre mode de vie. Quoi que l’avenir nous réserve, KBC Autolease souhaite continuer à réfléchir avec ses clients à la meilleure façon de décharger leurs employés dans leur recherche de solutions de mobilité. »

Jeroen Evens

Jeroen Evens, rédacteur de cet article

Jeroen Evens a suivi une formation en communication (KULeuven) et suit avec enthousiasme tout ce qui touche à la mobilité et aux véhicules de société. En tant que journaliste indépendant spécialisé dans le secteur fleet, il suit depuis trois ans les dernières évolutions de notre secteur.
Cet article parle de : Gestion de flotte , Location long-terme

Articles similaires